Réduisant l’alternance démocratique du pouvoir à une appropriation du pouvoir par un parti, assimilant le pouvoir d’État ivoirien à une propriété patrimoniale, personnelle ou de classe, obsédés par sa reconquête, certains dirigeants et militants partisans en Côte d’Ivoire et leurs filiales dans les diasporas, en viennent à perdre la capacité de juger au point de s’adonner à des affirmations qui heurtent la raison et le sens commun.
Ils accusent depuis plusieurs mois le Président de la République Alassane Ouattara et le gouvernement de vouloir rétablir le parti unique en Côte d’Ivoire. Ils accusent le Président Henri Konan Bédié d’avoir trahi les intérêts du PDCI.
Ils soutiennent que l’accord d’unification du RHDP serait une tentative de rétablir le parti unique en Côte d’Ivoire. Ils dénoncent une prétendue dérive dictatoriale du pouvoir. Mobilisant l’argumentaire de la sédition et de l’insurrection, ils appellent à la révolte populaire.
Le RHDP Parti unifié peut-il être assimilé à un Parti unique ? Est-il justifié d’accuser le gouvernement ivoirien de vouloir rétablir le parti-unique en Côte ?
L’équation RHDP Parti-unifié=Parti unique est selon toute évidence ridicule et malveillante. L’argumentaire qui soutient cette assertion est démagogique et assurément fausse. La Côte d’Ivoire est une démocratie républicaine pluraliste. Les coalitions politiques y sont coutumières.
Le spectre de l’échiquier politique ivoirien s’étend légalement de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par le centre-droit et le centre gauche.
La problématique ivoirienne en cette question consiste en ce que les acteurs politiques et les militants aient conscience de leur positionnement idéologique et consentent à l’assumer publiquement.
Ils sont tenus de présenter leur carte d’identité au peuple ivoirien et aux électorats qu’ils prétendent représenter. (cf Partis politiques ivoiriens, présentez-nous vos cartes d’identités » cedea.net. Novembre 2017)
Dans le cas d’espèce ivoirien caractérisé par le flou et la confusion des identités partisanes, la faction identitaire et nationaliste du PDCI doit se définir et s’assumer comme fraction d’un parti politique.
Cette fraction du PDCI-RDA ne saurait représenter le peuple ivoirien en totalité dans le système multi-partisan ivoirien. L’électorat ivoirien est partagé par la multitude des partis politiques ivoiriens.
Située à l’extrême droite du PDCI, la faction identitaire doit se reconnaître et s’affirmer comme telle. Elle ne doit pas prétendre représenter le PDCI-RDA en totalité qui compte, en son sein, une majorité de démocrates républicains soucieux de cioyenneté. Elle ne saurait non plus incarner l’houphouëtisme qui se caractérise par l’alliance de la nation et de la raison économique moderne.
Le RHDP Parti unifié en Côte d’Ivoire est un bloc libéral construit à partir de la coalition RHDP. Il existera aux côtés d’autres partis politiques tels par exemple ceux de l’opposition dans le système politique multipartisan ivoirien. Le parti unifié RHDP ne sera donc pas un parti unique.
Dans un régime de parti-unique, il n’existe qu’un parti politique et l’opposition n’est ni tolérée, ni reconnue juridiquement. Or la Côte d’Ivoire vit actuellement sous un régime de démocratie républicaine multi-partisane dans lequel le pluralisme partisan est constitutionnellement reconnu.
Tout laisse penser qu’il en sera ainsi après 2020 en regard de la profession de foi démocratique du RHDP Parti-unifié et s’il advenait que cette coalition durable voyait le jour et conquérait la majorité du vote comme l’on peut raisonnablement l’espérer.
L’affirmation selon laquelle le RHDP Parti unifié est un parti unique est donc un mensonge destiné à désinformer l’opinion publique ivoirienne à des fins politiques.
L’affirmation concomitante selon laquelle ce bloc libéral voudrait rétablir le régime de parti unique en Côte d’Ivoire est aussi mensongère.
Estimant être idéologiquement et programmatiquement opposé en tant que parti démocratique républicain et libéral aux partis identitaires d’extrême droite et aux partis populistes d’extrême gauche ivoiriens, le RHDP Parti unifié n’aspire nullement à les intégrer à soi.
C’est le lieu de souligner que la propension d’un certain nombre d’acteurs politiques ivoiriens à désinformer, à instrumentaliser sans vergogne les identités ethniques et les confessions, à stigmatiser les adversaires politiques comme des ennemis du peuple, à tenir des propos outranciers qui excitent les pulsions primaires, à appeler à la révolte populaire, est hautement condamnable.
On a vu ainsi certains responsables politiques appeler ouvertement à la chasse aux étrangers. On a vu d’autres accuser le chef de l’Etat et le gouvernement ivoirien d’être des agents de l’étranger. Cette affirmation n’est pas anodine dans le contexte ivoirien.
En d’autres pays ces déclarations dangereuses et ces affirmations scandaleuses auraient entamé la crédibilité politique de leurs auteurs.
Le sens du Bien commun et de l’intérêt général, la volonté commune de coexistence et de reconnaissance réciproque des altérités, semblent être la cible des déclarations fracassantes de certains politiciens.
Ces derniers semblent avoir entrepris de l’émousser, de semer la division entre les ivoiriens, d’exciter les pulsions primaires des masses et d’entretenir l’ignorance publique pour y asseoir leur domination en vue de la présidentielle 2020. La prégnance de la représentativité communautaire aidant, l’électorat ivoirien est manifestement instrumentalisé et utilisé comme ressource politique par les prétendants au pouvoir.
Il est démocratiquement vital de parer à ces tentatives de capture des consciences, de viol permanent des masses par la propagande politique en Côte d’Ivoire.
Il importe de contrer pied à pied cette tentative multiforme de désinformation et d’intoxication mentale. Il est essentiel de déconstruire argumentativement et conceptuellement ces mensonges. La sauvegarde de présidentielle 2020 et de la démocratie républicaine pluraliste ivoirienne est à ce prix.