Le CNRA enjoint la Direction de la TFM à mettre un terme définitif aux manquements notés dans la dernière émission « Jakaarlo Bi » et à éviter toute rediffusion sous peine de l’application des sanctions prévues par la loi.
Dans un avis rendu publique mardi, le CNRA rappelle que « la conception de la programmation audiovisuelle se fait dans le strict respect de la réglementation qui, surtout en matière de traitement de sujets touchant l’honneur et l’intégrité de la personne humaine, exige un profond sens de la responsabilité et une préparation particulière de la part des intervenants à l’antenne ».
« Cette exigence a été bafouée lors de l’émission +Jakaarlo Bi+ du 09 mars 2018. C’est ce qui justifie les observations-mises en garde adressées à TFM », indique l’organe de régulation dans cet avis transmis à l’APS.
Le CNRA note que le 9 mars 2018, la chaîne de télévision TFM a diffusé une émission intitulée « Jakaarlo Bi » au cours de laquelle la question du viol a été abordée.
Il estime que « la gravité de la question exigeait des concepteurs, animateurs et éditeurs de l’émission, une attention soutenue, afin d’éviter des dérapages, prises de positions inappropriées, de nature à entraîner des conséquences préjudiciables aux femmes ».
Le Conseil dit avoir relevé « des manquements graves relatifs à la présentation de l’émission et imputables au chroniqueur, M. Songué Diouf et au présentateur de ladite émission, M. Khalifa Diakhaté ».
Pour l’organe de supervision, « le plateau de l’émission a servi de prétexte au chroniqueur pour faire d’un sujet aussi grave, un objet de dérision, en affirmant, pour justifier les cas de viols dont sont victimes les femmes, que ces dernières sont les responsables de leurs propres viols, à cause de leurs choix vestimentaires ou de leur plastique ».
Or, ajoute le CNRA, « de tels propos sont d’une gravité extrême si l’on sait que des femmes sont violées, violentées et tuées ; mises au ban de la société, rejetées par leurs familles ou données en mariage à leur violeur ; données en mariages précoces ou forcés à la suite de viol ».
Parlant de la « responsabilité » du présentateur, ce denier, « loin d’arrêter la dérive, a enfoncé le clou, en banalisant auprès des autres intervenants, la désinvolture du chroniqueur », déplore le CNRA.
Selon l’avis, « un tel comportement est d’autant plus grave qu’il est attendu d’un présentateur qu’il exerce son rôle qui est de rappeler à l’ordre les participants à l’émission et de faire la police de son plateau ».
Pour le CNRA, « de telles pratiques constituent une violation de la réglementation et des principes régissant les acteurs des médias ».
Il rappelle les dispositions qui appellent à « sauvegarder l’enfance et l’adolescence dans les contenus des programmes et à respecter l’honneur et l’intégrité de la personne humaine ».
Le CNRA évoque aussi les articles 20 et 21 du cahier des charges relatifs, « respectivement, à l’obligation de ne pas inciter à des pratiques ou comportements délinquants ou inciviques et celle de veiller au respect de l’image, de la dignité, de l’honneur et de la réputation de la personne humaine ».
Il appelle tous les médias à « prendre les précautions nécessaires, chaque fois que des sujets concernant une catégorie de la société ou des sujets dits sensibles sont traités ou abordés, et à toujours veiller à se conformer à la réglementation ».