La somnolence au volant causerait près d’un accident sur trois. Rien d’étonnant, lorsqu’on sait qu’ingurgiter un hamburger ou un jambon-beurre suffit à émousser les réflexes et à allonger les distances de freinage. Inquiétant.

Chacun sait par expérience qu’ingurgiter un repas trop copieux favorise la somnolence. C’est une question de quantité d’aliments comme de calories. Voilà pourquoi l’association Prévention Routière recommande à l’automobiliste de manger léger et équilibré, et de boire de l’eau en quantité suffisante. Il n’y a là rien de bien sorcier ni de bien nouveau.

Pourtant, il manquait en France une étude scientifique pour vérifier et quantifier ce que chacun d’entre nous sait par expérience. L’association Attitude Prévention (financée par les assureurs) a demandé au Docteur Frédéric Saldmann, cardiologue et nutritionniste à l’hôpital Georges-Pompidou d’observer l’évolution de la posture du corps et des mouvements des globes oculaires chez trente-deux hommes et femmes installés aux commandes d’un simulateur de conduite. Une manière fiable de mesurer le niveau de vigilance et le temps de réaction chez ces automobilistes volontaires pour l’expérience.

La formule entrée-plat-dessert est fatale pour nos réflexes de conducteur

Des automobilistes s'accordent une pause, sur une aire d'autoroute. C'est fort sage. Car selon l'Institut Français des Sciences et Technologie des Transports, la somnolence entraîne des périodes de micro-sommeil longues de 1 à 4 secondes. Or, quatre secondes, c’est 150 mètres parcourus si on roule à 130 km/h. Image © REMY GABALDA / AFP
Des automobilistes s’accordent une pause, sur une aire d’autoroute. C’est fort sage. Car selon l’Institut Français des Sciences et Technologie des Transports, la somnolence entraîne des périodes de micro-sommeil longues de 1 à 4 secondes. Or, quatre secondes, c’est 150 mètres parcourus si on roule à 130 km/h. Image © REMY GABALDA / AFP

Les résultats de l’étude sont sans équivoque : prendre un repas « hypercalorique » (soit au moins 1.500 kilocalories) diminue significativement la vigilance chez 60 % des conducteurs. Pas moins de 17,5 % d’entre eux ont même atteint le niveau maximal d’extrême somnolence, autrement la phase de micro sommeil. Cette hypovigilance se traduit par des réflexes émoussés, qui allongent le temps de réaction et la distance de freinage chez la totalité des sujets et dans 100 % des cas.

Ces chiffres sont d’autant plus alarmants que l’expérience s’est déroulée sur des parcours longs de 40 minutes seulement, soit un temps bien inférieur à la durée moyenne des trajets en période de vacances.

Il faut manger léger ou bien s’accorder la sieste réparatrice

Il faut manger léger ou bien s'accorder la sieste réparatrice
Il faut manger léger ou bien s’accorder la sieste réparatrice

Plus grave encore, le repas dit hypercalorique au sens de cette étude n’a rien du gueuleton des jours de baptême. A en croire les chercheurs, il suffit de manger un hamburger ou bien d’un sandwich au saucisson sec accompagné de chips et d’une part de moelleux au chocolat pour dépasser les 1.500 kilocalories. On mesure donc le caractère pernicieux du piège qui s’ouvre devant l’automobiliste à l’heure du repas.

Le conducteur qui aurait le bon sens de s’en tenir à un en-cas de 500 kilocalories s’en tire beaucoup mieux. Avec 350 grammes d’émincé de poulet, accompagnés de légumes à l’italienne (343 Kcal) et d’un yaourt (90 Kcal) pour un total de 533 Kcal, les cobayes conservent des réflexes mieux aiguisés : ils sont altérés chez 75 % des sujets, sans que cela n’ait d’impact significatif sur les distances d’arrêt.

Quant aux conducteurs qui circulaient à jeun durant les tests sur simulateur de conduite (aucune prise d’aliment depuis la veille au soir précédant le trajet), aucun d’entre eux n’a dépassé le niveau dit « légèrement somnolent ». Peut-être parce que le jeûne favorise la sécrétion d’hormones de la vigilance et de la concentration.

Limiter les calories, c’est bon pour sa ligne comme pour sa sécurité

« La vigilance au volant commence dans son assiette », conclut le Docteur Frédéric Saldman. « L’étude démontre, pour la première fois, qu’un repas léger et une bonne hydratation augmentent la vigilance. Les repas trop copieux sont à proscrire car ils ont tendance à aggraver la somnolence. A éviter aussi, les aliments trop gras et trop sucrés. Et mangez lentement pour améliorer la digestion. Plus on sera vigilant, moins il y aura d’accidents. »

Limiter les calories, c'est bon pour sa ligne comme pour sa sécurité
Limiter les calories, c’est bon pour sa ligne comme pour sa sécurité

Que doit-on entendre par repas sain, équilibré et point trop copieux ? Commencez par bannir les aliments trop gras ou frits. A midi et le soir, le médecin suggère le menu suivant, que les restaurateurs en bord de route seraient bien inspirés de suggérer à leurs clients : une salade ; un sandwich ou un plat chaud contenant une portion de féculents, de légumes et de poisson ou viande ; un fruit ou un yaourt non sucré. Entre les repas, une petite collation est autorisée : une barre de céréales peu sucrée ; un fruit ou des fruits secs (abricots, figues). Au petit-déjeuner, deux tranches de pain complet iront de pair avec un fruit de saisons et un produit laitier non sucré.

En complément, il est indispensable de dormir suffisamment la veille du départ et de faire régulièrement des pauses sur la route, au moins toutes les deux heures et aux premiers signes de somnolence. Et tant pis si les « pauses pipi » vous semblent trop fréquentes : il faut boire et encore boire de l’eau. En temps normal, il est recommandé à l’adulte de boire 1,5 litre d’eau par jour. Mais par forte chaleur, il convient de dépasser cette dose.

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