Contrairement à ce qu’on a coutume de dire, les Diawara n’appartiennent pas au groupe ethnique des Soninké ou Saracolé.
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LES DIAWARA
Leur peuple tire son nom générique du diamou (patronyme) qui aurait été originellement donné à leur ancêtre dans des circonstances particulières.
Certes, les Diawara pratiquent la langue saracolé, mais ils ne sont pas pour autant un sous-groupe de la grande famille Soninké.
D’ailleurs les Diawara répliquent toujours avec une pointe d’agacement, quand on leur dit être des Soninké, qu’ils sont Diawarau et non Soninké.
En vérité, les Diawara constituent un peuple à part, une sorte d’enclave au sein d’un groupe numériquement plus important mais qui n’a pu les absorber en raison des particularités qui leur sont propres et dont ils n’ont jamais voulu se départir afin de conserver leur originalité intacte.
En effet, malgré leur nombre réduit à quelques dizaines de milliers d’individus seulement, ils ont pu se regrouper et s’isoler dans le Kingui (cercle de Nioro) et le Bakhounou (cercle de Nara), respectivement fiefs des Diawara Sagoné et des Diawara-Dabora.
Ainsi ont-ils pu conserver leur homogénéité et se préserver contre toute tentative d’assimilation de la part des autres groupes ethniques, singulièrement de la part des Saracollé, plus nombreux, qui les environnent.
Les Diawara se caractérisent en somme par le fait que leur peuple est l’un de ceux qui ont su le mieux conserver leur unité et leurs coutumes malgré leurs dissensions internes.
Sans doute les Diawara ne sont-ils pas assez connus du fait de leur faible expansion. Mais du point de vue historique, ils ont derrière eux un passé dont les fastes et la gloire peuvent être comparés à ceux des plus grands empires de l’Ouest africain.
En effet, vainqueurs de leurs hôtes Saracollé, de la puissante agglomération de Diâra et des hordes du Silatigui (roi) de l’empire du Tekrour (Fouta sénégalais), adversaires acharnés des Bambara Massassi du Kaarta (cercle de Nioro), farouches ennemis du conquérant toucouleur El-Hadj Oumar, qui fut le seul à, avoir pu, depuis le XIXe siècle, les soumettre et en faire après avoir vaincu leur Kourougoumé (généralissime) Biranté Karounga Diawara ses alliés les plus fidèles et les plus courageux, les Diawara furent les maîtres d’un puissant royaume qui s’étendait au moment de son apogée du Ouagadou (Ghana) aux bords du fleuve Sénégal et du Hodh (Mauritanie) aux bords du Baoulé (cercle de Kolokani).
Mais des siècles de combats et de luttes intestines ont fini par réduire peu à peu l’étendue de leur territoire limité actuellement au Nord par le Hodh (malien et mauritanien), au sud par les contreforts du Kaarta, à l’Est par le Bélédougou et à l’Ouest par le Diafounou.
Ainsi confinés dans ce domaine territorial réduit, les Diawara ont pu préserver leurs coutumes ancestrales dont rien n’a pu entamer ni la pureté ni la vitalité.
Seules leurs colonies qui sont allées s’installer, soit à la suite des migrations volontaires, soit pour des raisons de guerres extérieures ou des dissensions au sein du groupe primitif, au milieu des races saracollé du Guidimakha et du Gadiaga, bambara dans le cercle de Kayes, Khassoaké dans le cercle de Bafoulabé, beaucoup plus nombreuses qu’elles, ont été amenées à adopter, par mimétisme, les coutumes de celles-ci sans pour autant perdre leur originalité ethnique.
En résumé, si le peuple Diawara s’avère une réalité incontestable, par contre la »race » Diawara n’existe pas. Les éléments qui constituent leur peuple originel sont d’ordre politique et historique et non d’ordre anthropologique ni linguistique.
Enfin, dans le cadre de cette étude, nous ne nous intéresserons qu’aux Diawara vivant dans leur cadre primitif où comme nous l’avons déjà indiqué, ils ont su garder leurs traditions dans toute leur pureté.
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