La notion de médiasphère a été élaborée par Régis Debray dans son Cours de médiologie générale (1991), et est l’un des concepts fondamentaux de la médiologie.

Définition

Il s’agit de distinguer dans l’histoire des systèmes de transmission culturelle trois périodes, sachant que chacune de ces périodes est structurée par un milieu technique.

Par effet de cascade, ce milieu engendre à chaque période de profonds bouleversements dans les usages, les mentalités, les modes de pensées et les modes de croyance.

Les médiasphères se succèdent dans le temps mais ne s’annulent pas : leurs effets se cumulent, se corrigent ou se combinent.

La première est la logosphère : elle commence avec l’invention de l’écriture, mais se caractérise par le règne de la transmission orale.

La deuxième est la graphosphère : l’imprimé et l’ordre du livre y dominent.

La troisième est la vidéosphère ; elle correspond à la période dominée par la communication audiovisuelle et les médias de masse (broadcasting).

 Louise Merzeau a proposé d’ajouter une dernière médiasphère1, « l’hypersphère », qui correspond à l’époque des réseaux numériques (connectivité, interactivité, traçabilité).

Exemples

Chaque médiasphère met en avant des valeurs, des figures, des principes, des temps et des lieux différents. Par exemple, le saint, le héros et la star sont respectivement glorifiées dans la logosphère, la graphosphère et la vidéosphère.

mediaspheres_
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Ou encore la forme privilégiée d’assemblée renverra au club ou à la société savante en graphosphère, au plateau TV en vidéosphère, à une communauté dans un réseau social numérique en hypersphère.

Notions voisines

La notion de médiasphère emprunte à la fois au concept de biotope de l’écologie et au concept de milieu associé théorisé par Gilbert Simondon. Selon Daniel Bougnoux2, on peut aussi rapprocher le concept de médiasphère du concept de bulle tel que le définit Peter Sloterdijk.

Médiasphère

S’entend par ce mot la sphère de circulation des traces et des individus techniquement déterminée par les modes de transport dans l’espace et dans le temps prévalant à un moment donné de l’histoire.

Cette notion propose donc à l’histoire culturelle un principe général de périodisation.
La catégorie générique de médiasphère se spécifie historiquement en logosphère, graphosphère et vidéosphère (aujourd’hui métamorphosé par le numérique en hypersphère).

La logosphère désigne la période ouverte par l’invention technique de l’écriture. Elle se caractérise par une transmission principalement orale de textes rares sacralisés, en rupture avec la transmission purement orale précédant l’invention des systèmes de notations graphique.

La graphosphère désigne la période ouverte par l’invention technique de l’imprimerie. Elle se caractérise par une transmission principalement livresque des savoirs et des mythes.

La vidéosphère désigne la période ouverte par l’invention technique de la trace photolumineuse. Elle se caractérise par une transmission de plus en plus rapide des données, modèle et récits.

médiologie de regis debray
médiologie de regis debray

Si la culture est une réponse adaptative à un milieu, aucune culture ne peut s’envisager indépendamment de l’armature des transmissions et des transports, qui la charpente de l’intérieur.

De même que la Nature n’existe que sous la forme d’écosystèmes déterminés, la Culture n’existe qu’à travers des macro-systèmes de circulation.

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Ce que l’écologie est au milieu naturel, la médiologie pourrait l’être un jour au milieu culturel : l’étude des équilibres existant entre des populations de signes et des réseaux matériels de transport, ainsi que des ruptures d’équilibre produites par des modifications affectant cette infrastructure logistique…

Tableau des médiasphères 

Tableau des médiasphères archive
Tableau des médiasphères archive

Notes et références

Notes

  1.  Louise Merzeau, « Ceci ne tuera pas cela », Les Cahiers de médiologie N°6, 1998, p. 27-39
  2.  D. Bougnoux, « Bulles, écumes, médiasphères » [archive]Médium N°5, 2005.

Bibliographie

  • Régis Debray, Cours de médiologie générale. Bibliothèque des Idées, 1991.
  • Régis Debray, Vie et mort de l’image, une histoire du regard en Occident, Gallimard, 1992.
  • Régis Debray, Introduction à la médiologie, PUF, 2000.
  • Daniel Bougnoux, La Communication par la bande, La Découverte, 1993.
  • Louise Merzeau, “Ceci ne tuera pas cela”, in Pourquoi des médiologues ?, Les Cahiers de médiologie 2/1998 – N°6, p. 27-39.

Voir aussi

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