Cette question du mépris de la charte de l’ONU peut s’apprécier à trois niveaux. Légitimité n’est pas légalité. Que n’a-t-on entendu comme âneries débités sur un ton sérieux à 3 heures du matin par les duettistes Parly/Le Drian (« frappes circonscrites, proportionnées et légitimes ») !

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Soit ces deux ministres régaliens ont une connaissance limitée du droit international, soit ils ont sciemment tordu le droit positif pour justifier expost une opération présentée comme moralement indispensable mais juridiquement illégale.

À cet égard, les propos extravagants tenus par Donald Trump relèvent de la morale (barbarie, criminels, monstres…) et non du droit tel qu’il ressort des concepts précis contenus dans la Charte de l’ONU.

Quant au terme de légitimité employé à Paris, il signifie selon le Petit Robert : « qualité de ce qui est juste, équitable, raisonnable ».

En droit, on condamne sur la base de la preuve d’une violation d’une règle de droit et non sur la base d’un soupçon qui contreviendrait à l’équité et à la raison.

De qui se moquent le trio de comiques Macron/Le Drian/Parly ?

Auraient-ils consommé quelques substances euphorisantes ou illicites avant de nous livrer ces monuments d’ineptie juridique ?

De la même manière, contrairement à ce qu’affirme le ministre des Affaires étrangères, la résolution 2118 du Conseil de sécurité ayant pour objet l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, adoptée à l’unanimité le 27 septembre 2013, précise que c’est aussi le Conseil de sécurité qui prend la décision d’intervenir militairement et non tel ou tel État.

Nuance, mais nuance de taille…

Une possibilité d’intervention prévue en vertu du chapitre VII de la Charte de l’ONU est considérée par la France comme une autorisation permanente d’intervention. On croit rêver en attendant pareilles coquecigrues de la part d’experts9.

Morale n’est pas droit. La Charte de l’ONU est très claire pour celui qui veut bien la lire sérieusement. Elle n’est pas et n’a jamais été un code moral.

Certains diplomates peu suspects de complaisance envers le régime syrien et le pouvoir russe relèvent – ce que tout homme censé ne peut que constater – la contradiction à vouloir « restaurer le droit », d’une part tout en s’affranchissant des bases juridiques pour justifier une action coercitive, de l’autre.

En effet, les galipettes américano-britannico-françaises n’entrent dans aucun des trois cas de figure prévus par la Charte de l’ONU : mandat express du Conseil de sécurité de l’ONU (la Russie ayant opposé son veto au projet de résolution occidental, comme la Chine du reste), légitime défense prévue à l’article 51 (le régime syrien a-t-il attaqué l’un des trois États attaquant ?) ou une demande de la Syrie (comme le font les pays africains qui appellent l’ancienne colonie à la rescousse quand les choses vont mal).

Or, rien de tout cela.

Nous sommes dans un cas d’école patent de violation du droit international par ceux qui s’en réclament et qui condamnent ceux qui s’en exonèrent. Nous sommes en présence d’une « opération militaire internationale unilatérale ».

Qu’on fait les Occidentaux pour faire avancer la paix en Syrie ? Ils prétendent faire la guerre ciblée pour faire avancer la cause de la paix. Le pape François le regrette le 15 avril 2018.

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Contourner n’est pas jouer.

Au train où vont les choses, le risque est grand que l’ONU subisse le même sort funeste que la Société des nations (SDN) avec la Seconde Guerre mondiale.

Et, la France aura contribué à cet enterrement de première classe d’une organisation internationale au sein de laquelle elle occupe une place privilégiée par son statut de membre permanent.

Rappelons que tout ordre sur lequel repose un système de sécurité collective requiert la trilogie suivante : une norme, un juge chargé de vérifier la conformité ou la violation du comportement par rapport à la norme et un gendarme pour la faire respecter en cas de besoin.

Pour prévenir toute confusion, il doit exister une stricte séparation entre le juge et le gendarme. Ce qui n’a certainement pas été le cas dans l’affaire des frappes ciblées du 14 avril 2018.

En effet, le trio occidental infernal s’est investi du rôle de juge et de celui de gendarme quoi qu’en dise l’ambassadeur de France auprès de l’ONU, François Delattre dans ses diatribes russophobes et délirantes.

Ce qui n’est pas dans son rôle de diplomate en charge de trouver des solutions et non de créer des problèmes.

Avant de passer au filtre du Conseil de sécurité de l’ONU, l’affaire aurait dû être étudiée et expertisée par l’organisation internationale des armes chimiques (OIAC basée à La Haye) qui a la charge exclusive de vérifier la mise en œuvre de la convention de 1993.

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