Le paludisme est une maladie provoquée par des parasites du genre Plasmodium. Cette maladie a causé 608 000 décès dans le monde en 2022 selon l’OMS. Depuis plusieurs années, les parasites développent des résistances aux molécules antipaludiques et les moustiques sont de moins en moins sensibles aux insecticides. Dans cet article nous passons en revue les symptômes, le traitement efficace, la prévention …
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Paludisme : symptômes, traitement, prévention – Institut Pasteur
Le paludisme est encore un fléau dans certaines régions du monde. En 2018, 237 000 cas furent rapportés au Brésil. 91,5 % de ces cas étaient dus au parasite Plasmodium vivax.
Un nouveau médicament contre le paludisme, la tafénoquine a été récemment approuvé par plusieurs agences du médicament pour le traitement de P. vivax.
Des chercheurs de l’Institut Pasteur, en partenariat avec l’Institut Fiocruz de Rio de Janeiro, au Brésil, ont modélisé l’effet de l’introduction de ce nouveau médicament.
Un défi majeur dans la lutte contre le paludisme à P. vivax est la fréquence de rechute des infections au stade hépatique.
Ces rechutes peuvent prolonger l’infection pendant plusieurs mois, voire des années, après l’infection initiale et contribuent à la transmission.
Le traitement actuel pour prévenir ses rechutes, la primaquine, fait face à un manque d’adhérence au traitement qui limite son efficacité. La tafénoquine offre une alternative grâce à sa prise en une seule dose.
Un test pour limiter les effets secondaires
Comme la primaquine, la tafénoquine est susceptible de provoquer une hémolyse chez les personnes présentant un déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PDd), ou favisme.
D’origine génétique, ce déficit est relativement fréquent en Afrique et dans certaines ethnies au sein de la population brésilienne, habitant les zones d’endémie du paludisme.
De nouveaux diagnostics permettant d’identifier les patients déficients en G6PD ont été récemment mis au point pour la prise en charge des patients. Le Brésil sera le premier pays endémique à introduire la tafénoquine avec le test G6PDd. Cela permettra d’augmenter l’adhérence au traitement.
Une réduction prévue de l’incidence de 38 % dans les cinq premières années
« L’évaluation de l’impact de l’introduction de ce médicament sur la santé publique est un défi complexe. En effet, l’amélioration probable de l’adhérence au traitement, les critères d’éligibilité variables et les profils de transmission hétérogènes sont autant de critères à prendre en compte » expliquent Narimane Nekkab et Michael White, des Unités Malaria : parasites et hôtes et Epidémiologie et analyse des maladies infectieuses.
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Les chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Institut Fiocruz de Rio de Janeiro ont utilisé une approche de modélisation mathématique basée sur les données réelles pour étudier ces dynamiques complexes afin de prédire l’impact dans les années à venir.
Ils ont estimé que le nouveau régime de traitement pourrait améliorer de 20 % l’élimination des parasites, ce qui entraînerait une réduction de 38 % de l’incidence clinique au cours des cinq premières années d’introduction.
Si l’introduction du médicament ne permettra pas à elle seule l’élimination du parasite, ces résultats permettent de confirmer son intérêt pour permettre une forte réduction des cas.
Le diagnostic G6PDd en parallèle de l’administration du médicament est nécessaire à ce succès.
Quelles sont les causes ?
Le paludisme est transmis à l’être humain par la piqûre d’un moustique du genre Anopheles, lui-même infecté par le parasite du genre Plasmodium après avoir piqué un humain impaludé.
La femelle, en prenant le repas de sang nécessaire à sa ponte, injecte le parasite à son hôte. Les mâles ne piquent pas.
Comment se transmet le parasite ?
La transmission de Plasmodium d’un humain à un autre se fait donc par l’intermédiaire du moustique, le principal en cause étant Anopheles gambiae sur le continent africain.
La contamination interhumaine est possible, d’une femme enceinte infectée à son enfant (voie transplacentaire) ou par transfusion sanguine.
Le cycle de Plasmodium est complexe et comporte deux étapes essentielles : une phase asexuée chez l’être humain, et une phase sexuée chez le moustique.
D’abord, la femelle moustique pique l’humain et lui injecte le parasite (sous forme de sporozoïte). Celui-ci migre via la circulation sanguine, vers le foie, pour s’y diviser.
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Les parasites ainsi produits (les mérozoïtes) ont une forme différente qui leur permet d’infecter les globules rouges et continuer leur multiplication. Ceux-ci seront ingérés par un nouveau moustique lors d’une piqûre : le cycle recommence.
Entre 2000 et 2019, 4 cas de paludisme post-transfusionnel ont été rapportés en France.
La contamination interhumaine n’est possible que d’une femme enceinte vers son bébé.
Quels sont les symptômes ?
Les manifestations cliniques du paludisme sont très diverses. 8 à 30 jours après l’infection, une fièvre se déclare.
Elle peut s’accompagner d’un affaiblissement, de maux de tête, douleurs musculaires, vomissements, diarrhées et/ou toux.
Une fièvre accompagnée de tremblements, de sueurs froides et de transpiration intense peut survenir cycliquement, dues aux différentes phases du cycle parasitaire.
Des symptômes plus graves peuvent avoir lieu tels qu’une difficulté respiratoire, des saignements, une jaunisse, une fatigue extrême et des convulsions.
Dans certains cas, les globules rouges infectés peuvent obstruer les vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau, ce qui peut être mortel.
Dans les régions où le paludisme est hautement endémique, une partie des individus portent en eux le parasite sans être symptomatique.
A la suite de nombreuses années d’infection chronique, certains individus tolèrent la présence du parasite et développent une immunité naturelle face à lui.
- Source : OMS
Comment diagnostiquer l’infection ?
La prise de sang est nécessaire pour confirmer le diagnostic en laboratoire.
Le paludisme soit confirmé par un diagnostic basé sur la recherche des plasmodies (par microscopie ou test diagnostique rapide).
Le diagnostic et le traitement précoces du paludisme réduisent la morbidité et préviennent la mortalité palustre (qui concerne le paludisme) et ils contribuent aussi à réduire la transmission.
- Source : OMS
Quels sont les traitements ?
Plusieurs molécules antipaludiques peuvent être utilisées en prévention sur le court terme (voyage en zone endémique), ou bien administrées comme médicaments par voie orale ou sanguine (les médicaments injectables sont administrés à l’hôpital).
Voici les médicaments les plus courants contre le paludisme :
Les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine contre le paludisme à P. falciparum.
La chloroquine pour le traitement de l’infection à P. vivax uniquement dans les endroits où ce parasite est encore sensible à ce médicament.
La primaquine, en plus du traitement principal, peut aider à prévenir les rechutes de l’infection à P. vivax et à P. ovale.
- Source : OMS
Depuis plusieurs années, les parasites développent des résistances aux molécules antipaludiques.
- Par exemple concernant l’artémisinine : depuis 2008, les premiers cas de parasites résistants à l’artémisinine ont été détectés en Asie du Sud-Est ; cette résistance se traduit par une augmentation du temps d’élimination des parasites présents dans le sang des sujets traités par un ACT (Artemisinin-based Combined Therapy).
Depuis quelques années, la résistance de Plasmodium falciparum à l’artémisinine a été également observée en Afrique sub-saharienne, dans deux régions, en Afrique centrale (Rwanda) et orientale (Ouganda).
Pour en savoir plus, lire Paludisme : la prise en charge des malades du paludisme à Plasmodium falciparum mise en péril dans la Corne de l’Afrique
Comment prévenir la maladie ?
Aucun moyen préventif n’assure à lui seul une protection totale. Même si un traitement adapté a été suivi, il reste possible de faire une crise de paludisme, parfois d’apparition tardive.
Toute fièvre même légère, nausées, maux de tête, courbatures ou fatigue au cours du séjour ou dans les mois qui suivent le retour des tropiques doit être considérée a priori comme un paludisme jusqu’à preuve du contraire, et mener à une consultation en urgence.
La prévention passe par la lutte antimoustique, avec des moustiquaires et des produits antimoustiques.
Il existe également des traitements préventifs prescrits par un médecin avant un voyage, qui tiennent compte des zones visitées (risque, existence ou non de résistance), de la durée du voyage et aussi de la personne.
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L’âge, une grossesse en cours, des antécédents pathologiques, une intolérance aux antipaludiques ou encore une possible interaction médicamenteuse, sont des facteurs à prendre en compte chez la personne traitée. Toutefois, aucun médicament antipaludique ne garantit une protection absolue contre l’infection.
Aujourd’hui, le seul vaccin disponible contre le paludisme est le « RTS,S ». Il montre cependant une efficacité modérée et cible seulement le parasite P. falciparum.
Son utilisation reste recommandée en complément d’autres mesures afin de prévenir les formes graves de la maladie.
Qui est touché ?
Le paludisme est présent dans une centaine de pays, principalement dans les zones tropicales défavorisées d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine.
La région africaine est de loin la plus touchée, avec 94% des cas de paludisme recensés dans cette région.
Des épidémies peuvent survenir lors de mouvements de populations vers des zones hautement endémiques. Les personnes qui voyagent dans ces régions peuvent, elles aussi, être touchés.
Juillet 2024
→Contribution
Document rédigé avec la contribution de M. Jean Bandiaky,
→Journaliste – Consultant,
→Enseignant Associé et Tuteur à l’Université Numérique Cheikh Hamidou Kane (UNCHK, Ex UVS),
→Entrepreneur du Numérique Africain.