L’exposition ’’Souvenir’’ ou ’’Fataliku’’, en wolof, au Musée Théodore Monod d’art africain de l’Institut fondamental d’Afrique noir (IFAN), à l’occasion de la dixième édition du Salon national des arts visuels, ravive la mémoire des artistes disparus.
Cette exposition met en exergue le pionnier Pape Ibra Tall (1935-2015), l’un des fondateurs des Manufactures des arts décoratifs de Thiès et de ‘’l’Ecole de Dakar’’, une idée du président Senghor, le peintre Iba Ndiaye (1928-2008).
Il y a aussi les peintres Moussa Diop Sambalaye (1949-2017) dont les enfants perpétuent le travail et Ibou Diouf (1941-2017), l’auteur de l’affiche du premier festival mondial des arts nègres, Mor Guèye, Diatta Seck, le sculpteur Ndary Lo, Alpha Waly, le jeune Sidy Diallo partie à la fleur de l’âge, le céramiste Alpha Sow, entre autres.
La cérémonie d’ouverture du salon national des arts visuels marquée par des belles prestations
Ces artistes, selon le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop ont ‘’tout donné’’ au Sénégal.
’’Le Sénégal vous doit énormément pour lui avoir tout donné’’, a dit M. Diop à l’endroit des héritiers des artistes, enfants, frères, veuves ou veufs venus nombreux au vernissage.
Ils ont, selon le commissaire de l’exposition, le peintre Kalidou Kassé, ’’un rôle d’ambassadeur’’, car ’’ils nous ont valu beaucoup de satisfactions’’ au Sénégal et dans le monde.
Les œuvres de ces artistes sénégalais disparus ’’résonnent et nous interrogent encore aujourd’hui’’, a dit Kassé, notant par exemple que la tapisserie intitulée ’’Les oiseaux de Djoudj’’ de Ansoumana Diédhiou réalisée en 1977 rappelle la préservation de l’environnement.
Il a également cité Modou Niang dont l’œuvre ’’Tontine’’ fait référence à ‘’l’économie sociale et solidaire’’, la toile de Ibrahima Kébé qui parle de solidarité à travers ’’Mboolo’’.
Pour le commissaire de l’exposition, ’’il nous faut des mots pour traduire des actes que nous avons fait depuis longtemps’’.
L’exposition ‘’Fataliku’’ qui rassemble une quarantaine d’artistes a, dit-il, ’’une dimension pédagogique, de sensibilisation et s’inscrit sur les nouveaux paradigmes’’.
’’Nous invitons les jeunes à travers cette exposition à regarder ce que faisaient leurs devanciers afin d’avoir une relecture de leurs œuvres pour voir s’ils sont dans les mêmes trajectoires, c’est l’aspect pédagogique.
Nous voulons aussi sensibiliser les familles pour mieux sauvegarder ce patrimoine qui appartient à ces artistes disparus’’, a expliqué Kalidou Kassé.
Selon lui, ’’l’art ayant changé aujourd’hui de paradigmes avec les dividendes que peuvent percevoir les ayants droits des artistes, c’est une occasion de dire aux familles de mieux garder ses œuvres’’.
Il a signalé toutefois la difficulté de rassembler toutes ces œuvres des artistes disparus, des propriétaires ayant exigé ’’une certaine assurance’’.
La plupart des œuvres exposées ont été prêtées par des collectionneurs dont l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Abdoulaye Diop, Abdoulaye Racine Kane, le critique d’art et avocat Sylvain Sankhalé, le professeur Maguèye Kassé et les héritiers des artistes.