Solution aux embouteillages à Dakar. Les livreurs «Tiak-Tiak» à l’assaut du secteur du transport. On les a connus dans la livraison express mais, depuis quelques temps, les scooters, communément appelés « Tiak-Tiak », sont entrés dans le transport de personnes.

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Tiak-Tiak, les livreurs à l’assaut du secteur du transport

Entre rentabilité, risques et efficacité, le créneau attire de plus en plus de jeunes. Une bonne partie d’entre eux vient d’ailleurs de l’intérieur du pays.

Modou Fall vient de se garer derrière une file de six scooters, non loin du célèbre croisement Cambérène, à quelques mètres de l’arrêt bus. Il enlève son casque, sort son téléphone tout en s’essuyant le visage.

Il vient de déposer un client au centre-ville. La canicule qui s’installe petit à petit dans la capitale ne freine en rien l’ardeur de ces jeunes livreurs.

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Jusqu’ici connus pour la livraison express, ils se sont lancés, depuis un certain temps, dans le transport à Dakar à la faveur des bouchons.

La demande appelle l’offre, rappelle Madou Fall, un des premiers à s’installer à cet arrêt.

« La circulation dans la capitale étant très difficile, certains, pour éviter d’être en retard, préfèrent prendre les scooters, surtout aux heures de pointe », tente-t-il d’expliquer.

Du centre-ville à la banlieue, les livreurs reconvertis occasionnellement moto-taximen ne se fixent aucune limite. Il faut juste mettre le prix, sourit ce jeune garçon, la trentaine d’âge à peine sonnée.

À la sortie du rond-point de Cambérène, en allant vers Pikine, près d’une dizaine de scooters est alignée à l’entrée de la station, rendant la circulation très difficile. Les conducteurs se confondent aux « coxeurs » (rabatteurs de passagers du transport en commun). « Tiak-tiak », répètent-ils sans cesse.

Cette reconversion occasionnelle s’explique aussi par la rude concurrence dans le secteur de la livraison, qui attire de plus en plus de jeunes.

« La livraison de marchandises n’est pas rentable pour quelqu’un qui n’a pas de carnet d’adresses. On peut rester une journée avec une seule course. Alors qu’avec le transport, certains garent leur voiture pour prendre un scooter afin de ne pas rater un rendez-vous », explique Baye Fall, à bord de son scooter, attendant un client.

Une recette journalière entre 15 000 et 20 000 FCfa

À peine qu’il a fini de savourer son café, il décroche une course ; direction Pikine Icotaf.

« Si je dois le déposer et revenir, c’est 2000 FCfa », dit-il tout sourire. Si c’est pour un tarif aller-retour, explique le chauffeur, cela dépend du temps que le client met avant de revenir.

Par exemple, attendre une dizaine de minutes, ce n’est pas méchant. Là, il faut payer 3000 FCfa. « Nous ne nous plaignons pas. Il n’y a pas un seul parmi nous qui n’obtient pas 15 000 FCfa par jour.

Certains qui viennent tôt comme moi peuvent empocher jusqu’à 20 000 FCfa. C’est pourquoi les gens sont en train de venir en masse de partout » pour se livrer à cette activité, ironise-t-il.

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Exode des moto-taximen des régions vers Dakar

Saliou Gaye, taille élancée, vient de trouver un client. Mais, il a un sérieux blocage qui pourrait lui faire perdre son client : il ne connaît pas exactement la destination de son client.

Et il est hors de question que celui-ci devine son embarras. Pour s’en sortir, il fait appel à un collègue. Avec astuces, ce dernier lui indique le trajet.

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« C’est comme ça avec beaucoup d’entre eux. Ils viennent pour la plupart de Kaolack, de Thiès ou de Kolda… mais, en deux semaines, ils finissent par assimiler les rouages de l’activité », révèle-t-il, avant de nous indiquer un jeune originaire de Ziguinchor.

Il est arrivé il y a moins de deux semaines. Il s’activait dans le secteur depuis plus de deux ans dans son terroir, mais il a décidé de venir à Dakar après avoir été informé de la bonne marche du business ici.

« Dans mon village, le tarif ne dépasse jamais 500 FCfa. Et il y a énormément de concurrents. J’ai alors décidé de venir à Dakar », raconte-t-il. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne le regrette pas.

Selon ses propos, ses recettes ont quintuplé. De 5000 FCfa à Ziguinchor, il dit gagner désormais près de 15 000 FCfa par jour, même s’il reconnaît que circuler à Dakar est très difficile, comparé à son village où il n’y a presque jamais d’embouteillages.

D’après les confidences du Ziguinchorois, ils sont nombreux les jeunes comme lui qui ont décidé de venir à Dakar.

Les « Jakarta » entre risques et rentabilité

Rapides, vifs, les motos « Jakarta » ont la particularité de consommer moins de carburant que les scooters classiques. Cependant, ils sont difficiles à manier.

Selon Balla, originaire de Kaolack, cela s’explique par le fait que la vitesse se règle en appuyant du pied un pédale, comme une voiture, là ou avec les scooters classiques tout se fait avec la main.

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« Les « Jakarta » ont quatre vitesses. C’est facile de perdre la maîtrise si l’on ne comprend pas bien le mécanisme. Mais pour quelqu’un qui le maîtrise, la rentabilité est beaucoup plus importante que celui des scooters », explique-t-il.

Avec 3000 FCfa, notre interlocuteur peut faire le plein de carburant. « Souvent, je peux rouler avec pendant deux jours et demi. Mais si c’est un scooter, avec le même volume, je ne peux pas faire plus d’une journée», dit-il.

De de plus en plus d’investisseurs attirés aussi

Des personnes qui achètent un taxi et le confient à un chauffeur qui verse quotidiennement, c’est déjà connu.

Mais de plus en plus de gens s’intéressent au business du transport par scooter. Mamadou Dione tient une petite startup, son business consiste à trouver un scooter à celui qui est prêt à mettre de l’argent et de recruter un conducteur.

« Le propriétaire signe un contrat avec nous. C’est nous qui recrutons le chauffeur. Généralement, il verse 5 000 FCfa par jour si c’est lui qui achète le carburant, 7000 FCfa si c’est nous. Le propriétaire encaisse 5000 FCfa », explique-t-il.

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Sa startup s’occupe régulièrement de la maintenance des scooters, en plus de mettre son carnet d’adresses à la disposition des chauffeurs. « Généralement, c’est nous qui leur donnons les courses. C’est soit la livraison ou le transport de personnes », poursuit-il.

Depuis que son employeur a mis un bus à la disposition du personnel, Mamoudou, graphiste dans une entreprise de sérigraphie, a donné son scooter à son jeune cousin.

« Tout le monde y gagne. Pour le mettre à l’aise, je lui demande 3000 FCfa par jour et il s’en sort très bien », reconnaît-il.

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