Le poids et le bon équilibre de l’organisme ne se jouent pas que dans l’assiette. C’est aussi dans les bras de Morphée que se trouvent les clés de notre silhouette et de notre santé. On fait le point sur le rapport entre manque de sommeil et prise de poids.

On le sait, les troubles du sommeil ont un impact considérable sur notre poids. A ration alimentaire équivalente, certaines personnes restent bien dans leur corps, tandis que d’autres s’empâtent au fil des années. Mais comment nos nuits peuvent autant nous éloigner de notre silhouette idéale ?

Comprendre l’importance du sommeil

Le patrimoine génétique et la quantité d’activité physique pratiquée sont certes un facteur important dans la gestion de notre poids mais la façon dont chacune dorlote ou au contraire malmène son organisme est également à prendre en compte.

Tout d’abord, le nombre d’heures de sommeil que l’on s’octroie a une influence. Dormir, en effet, ne permet pas simplement de rêver et de se détendre, c’est l’une des clés de notre vitalité et de notre santé.

Lorsque notre esprit flotte dans cette torpeur délectable, le corps est le siège d’une activité débordante. Les muscles évacuent les toxines, la peau se régénère, les défenses immunitaires se reconstituent… D’autres mécanismes moins connus sont également à l’oeuvre, notamment au niveau du tissu adipeux.

Dormir pour chasser les toxines et régénérer l’organisme

« La nuit est le seul moment où on échappe à la tyrannie de l’insuline car notre pancréas est au repos », explique le Dr Laurent Philip Martinez*, médecin nutritionniste.

Au cours de la journée, quand nous sommes en état de veille, les adipocytes emmagasinent les réserves sous forme de triglycérides. Mais, étant sous le joug de l’insuline, elles sont rétives à les dilapider. Même quand le corps est en manque d’énergie. Pendant que nous sommes dans les bras de Morphée, elles deviennent en revanche beaucoup plus perméables.

« C’est comme si la porte des cellules graisseuses était grande ouverte. Il est alors aussi facile de stocker que de déstocker », précise le Dr Martinez.

Si notre dîner apporte moins de calories que celles nécessaires au métabolisme nocturne (environ 500 kcal pour maintenir en particulier la température corporelle à 36 °C durant huit heures), nos réserves se vident illico. Résultat : nous perdons du poids et des toxines, ce qui est extrêmement difficile de jour, même en dépensant énormément de calories.

Dormir suffisamment (au moins sept heures par nuit) s’avère donc une arme détox et anti-capitons de choix. D’autant que la privation de sommeil dérègle aussi l’appétit.

« Enchaîner les nuits courtes altère les signaux physiologiques de faim et de satiété », souligne le Dr Sylvie Royan-Parola**, psychiatre présidente du Réseau Morphée.

Selon une étude de l’Université de Chicago, publiée en avril 2012 dans la revue American Journal of Human Biology, les petits dormeurs voient de fait certaines de leurs sécrétions hormonales perturbées. Leur estomac produit plus de ghréline, une hormone qui aiguise l’attirance envers les aliments riches en sucre.

En parallèle, leurs adipocytes larguent moins de leptine, une protéine chargée d’informer le cerveau de l’état des stocks énergétiques disponibles. Pas facile dans ce cas d’être à l’écoute de ses besoins et d’harmoniser son alimentation en conséquence. Surtout qu’à force de rester insuffisamment au lit, nos adipocytes entrent en résistance.

L’impact désastreux d’une mauvaise hygiène de vie

Une expérience réalisée à l’université de Chicago en octobre dernier a démontré cette surprenante relation de cause à effet.

Les chercheurs ont contraint sept adultes en bonne santé et sans problème de poids particulier à dormir moins de cinq heures quatre nuits d’affilée. Leur activité physique et leur ration calorique étaient imposées et étroitement contrôlées.

Une semaine plus tard, leurs cellules adipeuses ont été passées au crible. Verdict : elles s’avéraient 30 % moins efficaces pour stocker et libérer les graisses qu’auparavant.

En d’autres termes, le déficit de sommeil les a fait basculer dans un état de prédiabète, comme si les participants à l’expérience avaient soudain vieilli prématurément. Le seul moyen de renverser la vapeur est de renouer rapidement avec des nuits copieuses. Sinon l’escalade vers une prise de poids progressive et un dérèglement métabolique général sont amorcés.

En effet, comme l’a démontré il y a quelques mois une étude américaine, plus la restriction de sommeil se prolonge, plus le métabolisme de repos diminue. D’où une moindre possibilité de vidange nocturne des adipocytes.

« Cette baisse du métabolisme nocturne pourrait se traduire par un gain annuel de plus de cinq kilos sans modification du régime alimentaire et de l’activité physique », précise le Pr Buxton Orfeu, neurophysiologiste au centre de médecine du sommeil de l’hôpital de Boston.

Ce phénomène s’accompagne irrémédiablement d’une hausse de la concentration de glucose dans le sang après les repas, et donc d’un risque accru de diabète. Un cercle vicieux dans lequel mieux vaut ne pas tomber.

Comment se réconcilier avec le sommeil ?

Inutile de paniquer si nos endormissements sont difficiles et nos nuits hachées. Il est possible de retrouver un sommeil réparateur sans recourir aux somnifères, en adoptant de bonnes habitudes comme éviter les sports toniques (tennis, jogging…) le café ou le soda après 17 heures.

De même, il faut éteindre les écrans (ordinateurs, consoles de jeux…) au moins une heure avant de se glisser sous la couette car ils maintiennent le cerveau en état de vigilance.

Et en cas de stress important, un bain avec quatre gouttes d’huiles essentielles de lavandin et de bergamote nous aidera à relâcher la pression. Mais pas à plus de 36 °C, sinon le corps se réchauffe et le sommeil est retardé.

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