Un peu plus tard, tandis que le cousin de Sidya Diop, Ndiack Coumba Mbodj, a été désigné chef de canton de Nder par les colons dans le but de calmer les révoltes des partisans de Sidya Diop, celui-ci sera donc envoyé à Saint- Louis. Faidherbe le rebaptisa Sidya Léon Diop.

Ce dernier, souligne le président de l’Emad, n’avait que 17 ans lorsque la colonie française, considérant son assimilation achevée, lui confia le commandement du canton de Nder.

Mais, une fois installé comme chef de canton, Sidya, à qui Ndaté Yalla avait inculqué le patriotisme et la fierté de sa race dès son plus jeune âge, constata les souffrances et les brimades de son peuple et se rendit compte que Faidherbe ne l’avait mis à l’école française que dans le but de tuer en lui toute volonté de résistance contre les colons et à faire de lui le bourreau de ces frères.

Sidya Ndaté Yalla rebaptisé par Faidherbe Sidya Léon Diop

Toutefois, raconte ce chercheur-écrivain, confirmé dans les travaux de recherches de Mamadou Gaye dans son mémoire qui avait pour sujet « Sidya Joop (1848-1878) : l’itinéraire du brak virtuel du Walo », « cette prise de conscience le révolta. Et, dès lors, il refusa d’appliquer les impôts injustes, essaya d’introduire de nouvelles spéculations agricoles et organisa une campagne de scolarisation en masse dans tout le Walo ».

Mais, l’événement qui le rangea définitivement du côté des siens, fut qu’un jour, tous les princes du Walo se réunirent pour une cérémonie royale à Mbilor. Sidya, à l’instar de tous les princes, s’y rendit, tout naturellement.

Mais le griot préposé à la cérémonie refusa tout bonnement de chanter les louanges d’un certain « Léon » qui, selon lui, avait trahi les siens, s’habillait comme un « toubab » (Blanc), et s’était complètement assimilé à la culture du colonisateur, dont il n’était plus qu’un pauvre serviteur.

Cet événement choqua le jeune prince et réveilla pour toujours Sidya Diop Ndaté Yalla, l’héritier des princesses de Nder. « Il se rendit alors à la rivière Taouey où les »Brack » (roi du Walo) prenaient leur bain royal, avant l’investiture. Il s’y baigna, se fit tresser les cheveux à la manière de ses pères, enfila ses gris-gris et ses armes et jura de renoncer à jamais à travailler pour l’administration coloniale, à parler la langue française, à porter les vêtements français, etc.

Après cela, il fut célébré par son peuple en liesse et reconnu par tous les « Walo- Walo » (habitants du Walo) comme leur ‘Brack’« , indique le président de l’Emad. Poursuivant son récit, il ajoute : »Il organisa par la suite une grande insurrection, combattit les colons et réussit à récupérer les provinces annexées du Walo, à l’exception des postes militaires de Richard-Toll, Dagana et Lampsar où avaient trouvé refuge tous les autres chefs de cantons alliés aux autorités coloniales. Les colons finirent par l’accepter, malgré eux, comme l’unique chef du Walo. Mais l’alliance ne dura pas ».

statue de la reine Ndatte Yalla, dagana, Sénégal
statue de la reine Ndatte Yalla, dagana, Sénégal

Rupture Avec Faidherbe et les Français : Sidya Diop Ndaté Yalla part à la reconquête du Walo

Après plusieurs années sous les directives de Faidherbe, Sidya Léon Diop, qui a fait une prise de conscience, se réveilla enfin. Dès lors, il se rebella contre Faidherbe et les Français afin de réparer le tort commis comme le digne héritier de « Nder » qu’il est.

Sidya Diop Ndaté Yalla Diop, « le jeune rebelle », qui était désormais à la tête d’une puissante armée, toujours à l’écoute des aspirations profondes de son peuple, rompit de nouveau avec le colonisateur. Mais les Français ne baissèrent pas les armes. Le gouverneur Valère trouva en Yamar Mbodji, de la famille royale Dioos, un fidèle allié. Ils mirent en place une coalition, fomentèrent des complots. Sidya fut finalement destitué par les forces coalisées, en 1875.

Il trouva refuge en Mauritanie auprès de son cousin Ely Ndjeumbeut, roi du Trarza, fils de sa tante, la reine Ndjeumbeut Mbodji. Dans le Walo, raconte les historiens dans leurs travaux de recherche, que cela soit Moussa Guèye dans « les forts du Walo dans la première moitié du 19ème siècle » ou Mamadou Gaye dans « Sidya Joop (1848-1878) : l’itinéraire du brak virtuel du Walo » ou encore El Hadji Amadou Sèye dans « Walo Brack » publié aux éditions Maguilen en 2003, « Sidya, à partir de la rive droite du fleuve mena plusieurs incursions sur la terre de ses ancêtres qui lui permirent de réoccuper les cantons de Nder et de Foss situés sur les rives du lac de Guiers ».

Afin d’affaiblir son souteneur du Trarza, le gouverneur Valère arma des princes maures contre Ely Ndjeumbeut, les incitant aux pillages et aux razzias contre les populations. Devant la forte résistance populaire, l’administration coloniale dépêcha alors une puissante colonne expéditionnaire, le 20 novembre 1875, qui, pendant un mois, sema la terreur dans tout le Walo, rive droite comme rive gauche, par une politique systématique de confiscation et de destruction de biens et de liquidation physique des opposants. Ainsi, tous les villages des cantons de Nder et de Foss furent incendiés.

 

Avec lepopulaire/ Photo : Kafunel et wikipedia

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