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À Conakry, dès la fin de journée, les rues, les parkings et les boulevards de la ville sont envahis par les joueurs de maracana. Un jeu né sur les campus de Cocody à Abidjan, alternative au football, qui se joue 6 contre 6 et qui tend surtout à se populariser en Afrique de l’Ouest.
Maracana. Ce nom évoque certainement pour vous le mythique stade de Rio de Janeiro, mais connaissez-vous le Maracana ? Cette variante du football, née dans les années soixante sur les campus d’Afrique de l’Ouest, se joue par équipes de six sur la surface d’un terrain de handball.
« Le vrai football c’est le Maracana. Il n’y a pas de gardien, et un penalty est sifflé dès qu’on touche avec la main », explique à Football365 Afrique l’Ivoirien Bleu Charlemagne, commissaire de police de son état et président de la Fédération internationale de Maracana.
Un dirigeant très occupé, alors qu’a lieu cette semaine à Conakry la Mara’CAN 2019.
Une petite Coupe du Monde de la spécialité puisque son plateau rassemblera outre la Côte d’Ivoire, tenante du trophée, et les meilleures nations africaines (Mali, Burkina Faso, Sénégal, Togo, Niger, Bénin, RD Congo, Gabon et Tchad) quatre pays présents venus d’autres continents : le Canada, la France, les Etats-Unis et la Chine.
« Comme c’est l’Afrique qui a initié le Maracana, son développement lui incombe. Depuis le tournoi 2017 au Mali, on a voulu associer les équipes européennes, américaines et asiatiques, pour donner naissance à un tournoi intercontinental », poursuit Bleu Charlemagne.
La prochaine édition de cette compétition annuelle aura lieu à Montréal, au Canada, désigné organisateur de préférence à la Suède et à l’Afrique du Sud.
D’autres nations pourraient rejoindre cette internationale du Maracana dans les années à venir.
« Le Ghana et le Liberia sont cette année présents en observateurs, le Liberia a d’ailleurs créé une Fédération. Les trois pays du Maghreb ont entamé un développement, avec des clubs de Maracana. C’est aussi le cas en Egypte. La discipline progresse, en Afrique comme ailleurs », résume Bleu Charlemagne.
Convivialité, fraternité, amitié, les valeurs du Maracana
Parmi les originalités du Maracana, celle d’être une discipline ouverte à toutes les classes d’âge. Deux catégories disputent l’édition 2019 : les Seniors (35-45 ans) et les Super Seniors (45 ans et plus).
Mais rien de strict : « Un Super Senior qui se sent capable de jouer en Senior est le bienvenu, selon le principe du qui peut le plus peut le moins. »
Une souplesse qui témoigne de l’état d’esprit du Maracana, que Bleu Charlemagne résume en trois mots : convivialité, fraternité, amitié.
« La première des choses au Maracana est que le sport devienne le prétexte de retrouvailles et de cohésion, explique le président de la FIMA, dont le discours se fait plus politique. Le sport est par essence un instrument de rassemblement, qui est aujourd’hui perverti par l’importance absolue du gain. »
Refaire du sport une Agora, un moment d’unité, tel est l’objectif du Maracana. « Dans la Grèce antique, la trêve olympique permettait de suspendre les conflits entre les communautés et les peuples. On rangeait les sabres et les sagaies pour aller jouer, avec le pari qu’on agresserait plus son ex-partenaire par la suite, rappelle Bleu Charlemagne, amer devant l’évolution du football.
Quand on voit comment flambent les cotes des jeunes footballeurs, cela ne les encourage pas à faire des études.
Pourtant, être jeune, c’est d’abord aller à l’école s’instruire. Pour signer un contrat, il faut savoir le lire ! »
Dire c’est bien, faire c’est mieux.
« Après le football professionnel, les gens poursuivent avec le Maracana, poursuit Bleu Charlemagne. Les joueurs sont aussi des cadres, des enseignants, des employés. Ils peuvent s’exposer leurs problèmes. Il y aura toujours un maracanier pour vous aider. »
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