Affaire Assange: l’Équateur se justifie et accuse WikiLeaks d’espionnage

0
363
Les ministres équatoriens des Affaires étrangrès José Valencia et de l'Intérieur Maria Paula Romo, après l'annonce de l'arrestation de Julian Assange, à Quito, le 11 avril 2019.
Les ministres équatoriens des Affaires étrangrès José Valencia et de l'Intérieur Maria Paula Romo, après l'annonce de l'arrestation de Julian Assange, à Quito, le 11 avril 2019.

L’Équateur a mobilisé plusieurs de ses ministres pour défendre la décision du président Lenin Moreno de lever, jeudi 11 avril, l’asile diplomatique de Julian Assange. Quito a également commencé un bras de fer avec l’organisation WikiLeaks fondée par M. Assange, l’accusant d’espionnage.

Critiquée à Quito par le Défenseur du peuplel’expulsion de Julian Assange des locaux de l’ambassade d’Équateur à Londres est le résultat, entre autres, du mauvais comportement du fondateur de WikiLeaks, selon José Valencia, le ministre équatorien des Affaires étrangères.

« Julian Assange était bénéficiaire de l’asile dans notre ambassade à Londres et pourtant il a multiplié les actes inamicaux et les insinuations contre le pays qui le protégeait, a-t-il indiqué. Il a accusé l’Équateur de répondre aux intérêts de puissances étrangères. Il a dit que nos diplomates étaient des espions, des accusations absolument grotesques et fausses. »

Selon M. Valencia, les déclarations de M. Assange en faveur de l’indépendance de la Catalogne ou au moment d’élections en Australie ont compliqué la tâche de la diplomatie équatorienne et violé les conventions de La Havane et de Caracas sur l’asile diplomatique. Cela faisait sept ans que le fondateur de WikiLeaks avait trouvé refuge dans l’ambassade équatorienne de Londres.

Quito accuse WikiLeaks d’espionnage

Face à l’hostilité croissante entre le président de l’Équateur Lenin Moreno et Julian Assange, Quito soupçonne WikiLeaks de s’être mis au service des intérêts de son fondateur et donc de participer à des activités d’espionnage et de déstabilisation du gouvernement.

« Nous avons des éléments solides qui nous laissent penser que des membres importants de WikiLeaks se trouvent en Équateur, a dit la ministre de l’Intérieur Maria Paula Romo. Il y en aurait au moins un vivant dans le pays depuis plusieurs années. Cette personne et deux hackers russes auraient participé à des activités de déstabilisation du gouvernement et d’espionnage de communication », a-t-elle déclaré lors d’une réunion avec la presse étrangère jeudi 11 avril.

Il y en aurait au moins un vivant dans le pays depuis plusieurs années. Cette personne et deux hackers russes auraient participé à des activités de déstabilisation du gouvernement et d’espionnage de communication », a-t-elle déclaré lors d’une réunion avec la presse étrangère jeudi 11 avril.

Selon elle, cette personne était en contact très régulier avec des partisans de l’ex-président Correa et avait notamment voyagé en février au Venezuela avec l’ancien ministre des Affaires étrangères Ricardo Patino.

Rien ne permet d’affirmer s’il s’agit du membre de l’organisation WikiLeaks qui a été arrêté jeudi 11 avril dans l’après-midi alors qu’il essayait de quitter le pays en direction du Japon. Deux hackers russes sont également recherchés.

Correa, Assange et Moreno

Selon le président équatorien Lenin Moreno, Julian Assange a agressé des gardes, bloqué des caméras de sécurité et accédé à des dossiers sans autorisation. Il est également soupçonné d’avoir fait fuiter des informations privées sur la famille du chef d’État.

Mais pour l’adversaire politique de ce dernier, l’ancien président socialiste Rafael Correa, il s’agit là d’une traîtrise de la part de l’actuel gouvernement de droite : « C’est vrai que Julian Assange parfois ne respectait pas certaines règles. Sous mon gouvernement, je lui ai parfois coupé sa connexion internet, parce qu’il interférait dans la campagne des présidentielles aux États-Unis et nous sommes très respectueux du processus démocratique de chaque pays. Mais ce n’est pas pour ça que j’allais le sortir de l’ambassade. C’est comme dire:  »Si tu te comportes mal, je te jette aux lions ». C’est n’importe quoi ! ».

Sous la présidence de Rafael Correa, Julian Assange était un symbole de la liberté d’expression persécutée. Une carte à jouer en opposition aux États-Unis. Mais, en arrivant au pouvoir, Lenin Moreno a rétabli les relations avec les États-Unis.

Il était devenu de plus en plus inconfortable de continuer de protéger celui qui a notamment participé à la publication de plus de 700 000 documents sur les activités militaires et diplomatiques américaines.

Au-delà de la question politique, les autorités équatoriennes rappellent que la sécurité et le quotidien de leur hôte a coûté au pays 6,2 millions de dollars sur ses 7 années de séjour.  

Reconnu coupable de violer les conditions de sa liberté provisoire

Reconnu notamment pour avoir divulgué des centaines de milliers de documents confidentiels portant sur les activités et parfois les bavures de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan, M. Assange a été reconnu coupable par le tribunal de Westminster d’avoir violé les conditions de sa liberté provisoire en 2012.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici