Une possible interaction est notamment l’une des pistes creusée par les autorités de santé: « On déconseille déjà de prendre Esmya chez les femmes ayant une insuffisance hépatique. Généralement, nous faisons déjà le tour de la question de l’interaction avant même la mise sur le marché d’un médicament. Mais cela fait partie des choses que l’on doit tout de même examiner. Ces femmes peuvent avoir consommé une tisane ou utilisé un produit ménager… Ce n’est pas forcément une interaction avec un autre médicament qui est en cause. On peut faire des hépatites pour pleins de raisons et c’est ce que nous essayons de comprendre », explique notre expert.

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Selon lui, les conclusions de cette investigation seront rendues publiques d’ici le deuxième trimestre de l’année 2018.

« Si tout va bien et que l’on s’est inquiété pour rien, Esmya sera prescrit comme avant. Dans le cas contraire, on pourra prendre la décision de le retirer du marché, sauf peut-être pour les patientes pour qui il présente un besoin vital. »

Comment un médicament peut-il provoquer une hépatite ?

« Tous les médicaments sont métabolisés, filtrés et évacués par le rein ou le foie, nous précise le Dr Pierre Demolis.

Quelques fois, il n’a pas les « armes » pour s’en débarrasser, soit à cause d’une prise en quantité trop importante ou parce qu’ils déclenchent une allergie par exemple, et s’intoxique.

Dans les cas les moins graves, quelques cellules du foie peuvent éclater et les transaminases augmenter légèrement.

En revanche, on doit s’inquiéter quand les transaminases (enzymes qui reflètent l’activité du foie) augmentent de façon massive, c’est-à-dire, 15, 20 ou 30 fois la normale, car cela indique que de nombreuses cellules hépatiques sont entrain d’éclater, que les transaminases passent dans le sang au lieu de rester enfermées au niveau du foie, et que l’on risque une hépatite aigüe : le foie déraille, l’état du patient s’aggrave progressivement, l’organe ne fonctionne plus et on peut en mourir. »

Esmya, un traitement mis sur le marché en 2012

Commercialisé par le laboratoire hongrois Gedeon Richter, Esmya béneficie de deux indications : l’une accordée en 2012, dans le cadre d’un traitement pré-opératoire des fibromes utérins pour une durée de trois mois ; l’autre obtenue en mai 2015 pour le traitement séquentiel des fibromes, et qui préconise des cycles d’une durée de trois mois.

Il a pour substance active l’ulipristal acetate, un modulateur sélectif des récepteurs de la progestérone (hormone).

Il agit en bloquant le récepteur de la progestérone, impliquée dans le contrôle de la croissance de la muqueuse de l’utérus.

Chez certaines femmes, la progestérone peut favoriser la croissance des fibromes, ce qui peut provoquer des saignements utérins abondants (saignements utérins pendant ou en dehors des règles), une anémie (baisse du nombre de globules rouges due au saignement) et des douleurs abdominales (telle que la douleur de période ou la douleur dans la région de ventre).

Lorsque l’activité de la progestérone est bloquée, les cellules fibroïdes cessent de se diviser et finissent par mourir, ce qui réduit la taille des fibromes et réduit les symptômes causés par celles-ci.

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