C’est un petit séisme dans la presse française. Plus de 460 journalistes du Monde publient ce mardi 10 septembre une lettre ouverte à l’un de leurs actionnaires, l’industriel tchèque Daniel Kretinsky. Ils réclament le respect de leur indépendance éditoriale. C’est le dernier épisode en date d’une bataille d’actionnaires, au sein du prestigieux quotidien français.
La tribune s’intitule « Nous, journalistes du Monde », et même le directeur du journal l’a signée. C’est dire si l’inquiétude est grande au sein du quotidien du soir, qui fait référence dans la presse française.
Les salariés réclament un droit d’agrément, un droit de regard pour approuver ou rejeter l’arrivée au capital d’un nouvel actionnaire important.
Dans leur viseur, Daniel Kretinsky.L’industriel tchèque a racheté il y a un an 49% des parts détenues par le banquier Matthieu Pigasse, l’un des actionnaires de référence du Monde.
Pour la première fois de l’histoire du quotidien, écrivent les journalistes, ce rachat s’est fait sans l’aval du pôle d’indépendance, qui détient un quart du capital, et qui est censé garantir la liberté éditoriale du « Monde ».
Xavier Niel, l’autre actionnaire majoritaire, a donné son accord au droit d’agrément réclamé par les journalistes. Des journalistes qui exigent désormais que Daniel Kretinsky et Matthieu Pigasse, son associé, fassent de même.
« Soutenir le journalisme et la démocratie »
En France, l’industriel, 5e fortune tchèque, a récemment investi dans la presse (Marianne, Elle, entre autres), mais aussi dans deux centrales à charbon et dans les supermarchés Casino.
En entrant au capital du Monde, l’homme d’affaire disait vouloir « soutenir le journalisme (…) et la démocratie ». Les journalistes lui demandent maintenant de traduire sa parole en actes.