Coronavirus chinois, la peur de l’ennemi invisible du moment. D’où vient le nouveau virus chinois semblable au SRAS ? Est-il aussi dangereux ? Sciences et Avenir fait le point sur le coronavirus, au moment où la ministre de la Santé Agnès Buzyn annonce trois cas confirmés du coronavirus en France (les premiers en Europe).

Pékin au nord, Shanghai à l’est et Shenzhen au sud : le mystérieux coronavirus chinois parti du centre de la Chine a gagné les métropoles géantes du pays le plus peuplé du monde et un expert chinois a confirmé le 20 janvier 2020 qu’il se transmettait entre humains. 

Le dernier bilan fait état de près de 2.744 cas en Chine, dont 80 mortels [bilan daté du 27 janvier 2020 à 17h01]. 

Coronavirus chinois : déroulement des précédentes épidémies
Coronavirus chinois : déroulement des précédentes épidémies

Le 24 janvier 2020, la ministre de la Santé Agnès Buzin a annoncé trois cas confirmés du coronavirus en France, les premiers en Europe. Ils concernent des patients hospitalisés à Bordeaux et à Paris, a précisé la ministre lors d’un point presse au ministère de la Santé, assurant que les autorités allaient faire tout leur possible pour « circonscrire » la propagation du virus. La France compte aussi septs cas suspects [bilan daté du 27 janvier 2020 à 17h07].

1. Quelle est l’origine du Coronavirus chinois ?

Jamais observé jusque-là, ce virus appartient à la vaste famille des coronavirus et a été identifié par la Chine le 7 janvier 2020 suite à un cas de pneumonie déclaré le 31 décembre 2019.

« Les coronavirus chinois sont zoonotiques, ce qui signifie qu’ils sont transmis entre les animaux et les humains« , explique l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur son site. 

C’est le « septième coronavirus capable de donner des manifestations cliniques chez l’humain« , explique à l’AFP Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur à Paris.

Son origine semble se trouver dans un marché de Wuhan, ville chinoise de 11 millions d’habitants, fermé le 1er janvier 2020.

« On suppose que la source était des animaux vendus dans ce marché et qu’il y a eu passage chez l’homme« , indique le Pr Fontanet, bien qu’on ne sache pas encore lequel. Des chercheurs ont évoqué la piste du serpent.

Coronavirus chinois
Coronavirus chinois

2. Quels sont les symptômes du Coronavirus chinois ?

Ce virus est proche de celui qui avait provoqué l’épidémie de SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003. Elle avait fait 774 morts dans le monde (dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong) sur 8.096 cas, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Du point de vue génétique, il y a « 80% de similarités » entre les deux virus, relève le Pr Fontanet, et tous deux entraînent des pneumopathies (maladies respiratoires).

Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l’Homme (comme un rhume) mais aussi d’autres plus graves comme le SRAS. Les symptômes du SRAS ressemblent à ceux d’une pneumonie, avec une forte fièvre et divers problèmes respiratoires. 

« Les signes d’infection courants comprennent les symptômes respiratoires, la fièvre, la toux, l’essoufflement et les difficultés respiratoires. Dans les cas plus graves, l’infection peut provoquer une pneumonie, un syndrome respiratoire aigu sévère, une insuffisance rénale et même la mort« , détaille l’OMS.

3. Le virus peut-il muter ?

« On n’a pas vraiment d’argument pour dire que ce virus va muter, mais c’est ce qui s’était passé avec le SRAS« , dont le virus avait évolué après son apparition pour devenir « plus transmissible et plus virulent« , selon le Pr Fontanet.

Toutefois, envisager un même scénario pour le nouveau virus reste pour l’instant « purement spéculatif« , souligne-t-il. « La gravité semble plus faible que le SRAS« , juge le spécialiste. Mais cela pourrait changer.

4. Combien de cas sont-ils recensés ?

Le nombre de cas est désormais évalué à 2.447 [bilan daté du 27 janvier 2020 à 17h08]. D’autres cas ont été repérés au Japon, en Thaïlande, en Corée du Sud, aux Etats-Unis, en France chez des patients qui avaient séjourné auparavant à Wuhan.

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« Par rapport au SRAS, l’une des premières différences, c’est la transparence (de la Chine) vis-à-vis de l’OMS« , estime Pr Fontanet, puisqu’en 2002-2003, « l’histoire avait été cachée » par la Chine pendant plusieurs mois.

carte-suivi-cas-coronavirus-chinois-2020
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L’épidémie avait alors fait 774 morts dans le monde (dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong) sur 8.096 cas, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon le Pr Fontanet, les autorités sanitaires chinoises ont accompli « un tour de force » en repérant qu’un « problème anormal était en cours » au moment des premiers diagnostics mi-décembre 2019, puis en faisant la relation entre ces patients et le marché.

En outre, la Chine a « rapidement réalisé et partagé avec le reste du monde la séquence génétique de ce nouveau coronavirus« , ajoute le Pr Adam Kamradt-Scott, de l’Université de Sydney. Cela a permis de mettre sur pied un test spécifique pour identifier les cas.

5. Comment se transmet ce virus ?

La transmission par contagion entre personnes est avéréL’OMS estime pour sa part qu’un animal semble être « la source primaire la plus vraisemblable« , avec « une transmission limitée d’humain à humain par contact étroit« .

Pour contenir l’épidémie, il faut trouver sa source, c’est-à-dire les animaux qui sont les réservoirs du virus. Cela pourrait permettre de savoir si des foyers existent dans d’autres marchés que le premier, et de prendre de nouvelles mesures.

Coronavirus-chinois-evacuations-etrangeres
Coronavirus-chinois-evacuations-etrangeres

Dans le cas du SRAS début 2000, « c’est en interdisant la consommation des civettes (un mammifère dont la viande est appréciée en Chine, ndlr) et en fermant les fermes d’élevage qu’on avait pu prévenir toute réintroduction » du virus, rappelle le Pr Fontanet.

« Les recommandations standard pour prévenir la propagation des infections comprennent le lavage régulier des mains, la couverture de la bouche et du nez lors de la toux et des éternuements, la cuisson minutieuse de la viande et des œufs. Évitez tout contact étroit avec toute personne présentant des symptômes de maladie respiratoire tels que toux et éternuements« , recommande l’OMS.

6. Comment se fait le diagnostic et quels sont les traitements ?

« Le diagnostic est suspecté devant des signes d’infection respiratoire chez une personne revenant de Chine dans les 14 jours précédant l’apparition des symptômes », explique le ministère de la Santé sur son site dédié au coronavirus chinois.

Un examen biologique spécifique est nécessaire à la confirmation de l’infection au 2019-nCoV. Un examen de détection rapide a été développé par le centre national de référence des virus respiratoires. À ce jour, il est pratiqué par le CNR (Institut Pasteur) et en cours de déploiement dans d’autres laboratoires de biologie médicale (LBM).

Coronavirus chinois visualisé au microscope électronique. CAVALLINI JAMES / BSIP / AFP
Coronavirus chinois visualisé au microscope électronique. CAVALLINI JAMES / BSIP / AFP

A ce jour, aucun traitement spécifique n’a été identifié pour ce nouveau coronavirus, le traitement est symptomatique. Actuellement, plusieurs traitements sont en cours d’évaluation par l’OMS avec la participation d’experts français.

Par Kafunel avec AFP le 30.01.2020 à 18h57, mis à jour le 30.01.2020 à 19h18

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