Que nous apprend la crise des sous-marins sur les alliances et la place de la France ? La diplomatie est-elle devenue un jeu sans foi ni loi ? L’annulation par l’Australie d’une commande de sous-marins français a déclenché une crise diplomatique inédite entre la France et ses alliés anglo-saxons. Cette crise entre partenaires historiques pourrait amener la France à se recentrer sur la défense européenne et à repenser le rôle de l’OTAN.
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Diplomatie est-elle devenue un jeu sans foi ni loi ?
Mercredi 15 septembre, coup de théâtre : l’Australie, les États-Unis et la Grande-Bretagne, annoncent que finalement, Canberra va acheter des sous-marins américains. Pour la France c’est la rupture du « contrat du siècle ». Un nouveau partenariat que l’on appelle désormais Aukus (Australia, United Kingdom, United States) voit le jour.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a évoqué samedi 18 septembre la « crise grave » provoquée par le torpillage d’un énorme contrat de sous-marins français par Canberra, dénonçant « une rupture majeure de confiance » entre la France, les Etats-Unis et l’Australie.
Nous avons un très fort mécontentement
« Nous avons rappelé nos ambassadeurs pour essayer de comprendre et pour montrer à nos pays anciennement partenaires que nous avons un très fort mécontentement », a-t-il expliqué.
Cette mesure, la première dans l’histoire des relations entre Paris et Washington, « est très symbolique. Il y a eu mensonge, il y a eu duplicité, il y a eu rupture majeure de confiance, il y a eu mépris, donc ça ne va pas entre nous », a-t-il déclaré.
Il a également ajouté que le différend entre la France et les Etats-Unis pèserait sur la définition du nouveau concept stratégique de l’alliance militaire.
« L’Otan a engagé une réflexion, à la demande du président de la République, sur ses fondamentaux. Il y aura au prochain sommet de l’Otan, à Madrid, l’aboutissement du nouveau concept stratégique. Bien évidemment, ce qui vient de se passer aura à voir avec cette définition », a-t-il estimé.
Mais depuis le début de la semaine, un réchauffement des relations diplomatiques entre la France et ses « partenaires » semble se dessiner.
Fiabilité américaine n’est plus aussi grande que par le passé
Dans un entretien au monde, la ministre des Armées Florence Parly pointe le « comportement brutal » des Etats-Unis, « qui plus est nous considérant comme ‘leur plus vieil allié’. »
La fiabilité américaine n’est plus aussi grande que par le passé, déplore-t-elle, tout en se réjouissant que « le dialogue ait repris » entre Paris et Washington.
L’Union européenne a confirmé, jeudi 23 septembre, le maintien des discussions sur le commerce et les technologies prévues la semaine prochaine avec les États-Unis, malgré la crise diplomatique.
Lors de son entrevue à New York jeudi avec Antony Blinken, (le chef de la diplomatie américaine), Jean-Yves Le Drian a indiqué que la sortie de crise entre la France et les Etats-Unis va prendre du « temps » et demander des « actes ».
Il a « rappelé qu’une première étape avait été franchie lors de l’appel des deux présidents (Joe Biden et Emmanuel Macron mercredi).
Rétablir une coopération entre la France et le Royaume-Uni
Ce vendredi, Emmanuel Macron s’est entretenu avec le premier Ministre britannique : « Boris Johnson a exprimé son intention de rétablir une coopération entre la France et le Royaume-Uni, conforme à nos valeurs et à nos intérêts communs (climat, Indo-Pacifique, lutte contre le terrorisme etc…), le Président de la République lui a répondu qu’il attendait ses propositions ».
Cette querelle ce n’est pas simplement un contrat de 60 milliards sur la construction par la France de 12 sous-marins destinés à la marine australienne.
Elle a pour enjeu la place de la France en tant que nation du Pacifique et de l’océan Indien ; son désir de jouer un rôle important dans les affaires indo-pacifiques, d’endiguer l’expansion chinoise sans susciter l’hostilité de Pékin ; la capacité de l’Amérique à traiter ses alliés comme tels et non comme des vassaux ; l’honnêteté et la transparence dans les affaires internationales.
Nous en discutons avec Bertrand Badie, Christine Ockrent, Hubert Védrine et Gérard Courtois.
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