Guinée-Bissau: la dissolution du parlement, un coup de frein à la démocratie et la pacification de l’espace politique

0
0

ALERTE INFO ! Guinée-Bissau: la dissolution du parlement, un coup de frein à la démocratie et la pacification de l’espace politique. De coup d’Etat en coup d’Etat, la Guinée-Bissau a semblé retrouvé un tantinet de sérénité depuis l’avènement du président Umaro Sissoco Embaló. Mais les derniers évènements notés la semaine dernière ont remis ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest au devant de la scène internationale avec comme principale conséquence la dissolution du parlement.

Dissolution du parlement en Guinée-Bissau: un coup de frein à la démocratie et la pacification de l’espace politique

12 mars 1985, le Sénégal et la Guinée Bissau signent un compromis d’arbitrage pour leur différend maritime
12 mars 1985, le Sénégal et la Guinée Bissau signent un compromis d’arbitrage pour leur différend maritime

Alors que le monde a salué à sa juste valeur la grandeur du président bissau-guinéen lors des dernières législatives, le pays peine à rester dans l’orthodoxie républicaine.

Le 4 juin dernier, Embalo n’a pas contesté les résultats issus du scrutin, largement dominé par ses rivaux.

La coalition PAI-Terra Ranka remportait 54 sièges sur 102 au Parlement, soit plus de la moitié des suffrages des Bissau-guinéens.

La conséquence logique fut, comme déterminé par la Constitution du pays, la nomination d’un Premier ministre issu de la coalition gagnante.

Umaro Embalo, PR Guinée Bissau (G) - Kaïs Saïed , PR Tunisie (D)
Umaro Embalo, PR Guinée Bissau (G) – Kaïs Saïed , PR Tunisie (D)

→ A LIRE AUSSI

La nomination de Domingo Simoes Pereira à ce poste et l’acceptation sans réserve des résultats avaient ainsi placé la Guinée-Bissau à un niveau enviable au rang des pays où la loi électorale est observée.

Et depuis six mois, il n’y a pas eu un fait qui obstrue à cette entente entre le Président Embalo et son opposition, réunissant en grande majorité d’anciens Chefs d’Etat ou Premiers ministres.

Le désamour entre les protagonistes n’a cependant jamais été un secret, et la méfiance a caractérisé les rapports dans un pays en proie au narcotrafic et où pour un rien, un coup d’Etat peut survenir à tout moment.

Quand un « coup d’Etat » militaire manqué provoque un coup d’état institutionnel

Démantèlement des forces rebelles Un ancien lieutenant de César Badiate, d'origine bissau-guinéenne, arrêté
Démantèlement des forces rebelles Un ancien lieutenant de César Badiate, d’origine bissau-guinéenne, arrêté

Les violences qui ont marqué la capitale bissau-guinéenne, fin de semaine dernière, ont été dénoncées par l’institution sous-régionale dirigée justement par le président Emballo.

Celui-ci, comme s’il ne rêvait que d’un prétexte pour sortir de la cohabitation politique, n’a pas perdu du temps pour répondre à ce qu’il qualifie de tentative de « coup d’Etat ».

Contre les principes de la Cedeao même, notamment son protocole additionnel qui enjoint les régimes à respecter l’Etat de droit, le président actuel de l’institution sous-régionale décide de dissoudre le parlement.

En y pensant et en y procédant, Emballo perpètre lui-même ce qu’il semble abhorrer: un coup d’Etat.

Législatives en Guinée Bissau 102 sièges de député en jeu !
Législatives en Guinée Bissau 102 sièges de député en jeu !

→ A LIRE AUSSI

D’ailleurs, cette mesure radicale et illégitime risque de davantage chambouler l’ordre politique et social du pays.

Cela préoccupe au plus haut point, même si l’institution qu’est la Cedeao s’est jusque-là limitée à condamner les violences le jour même de leur occurrence.

A la place, c’est la voix de l’Union africaine qui se fait entendre, elle qui note avec inquiétude la dissolution du parlement.

La Cedeao fait la politique de l’Autruche et se complait dans le silence

opposition - deuxième tour de la présidentielle en Guinée-Bissau
opposition – deuxième tour de la présidentielle en Guinée-Bissau

Alors qu’elle a dénoncé le déroulé des évènements de jeudi à vendredi dernier, la Cedeao se garde de commenter la dissolution du parlement bissau-guinéen.

Elle confirme ainsi les accusations de ne rouler que pour les présidents de l’institution, au lieu d’être la Cedeao des peuples.

Quelle différence y a-t-il entre un changement de régime opéré par la force et la dissolution d’un parlement en dehors de tout cadre légal?

Dissolution du parlement en Guinée-Bissau un coup de frein à la démocratie et la pacification de l'espace politique
Dissolution du parlement en Guinée-Bissau un coup de frein à la démocratie et la pacification de l’espace politique

La tentative de « coup d’Etat » est-elle l’œuvre des parlementaires pour que leurs postes électifs leur soient retirés? Quand bien même la responsabilité de certains serait prouvée, cela justifie-t-il que le pays soit géré par le régime sans un parlement?

Aucune de ces interrogations ne pourrait avoir une réponse qui puisse justifier la dissolution du parlement bissau-guinéen.

Au contraire, cette mesure va exacerber les rivalités et pourrir d’avantage la situation politique dans ce pays qui peine à asseoir une vraie démocratie.

→ A LIRE AUSSI

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici