Un siècle après la fermeture des deux joyaux, un coup dur pour Nianing (Mbour)

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Fermeture des deux joyaux, un coup dur. Un siècle après, Nianing tarde à connaître un réel développement. Il en a quand même connu les prémices lorsque deux grands complexes hôteliers menaient les activités. « On avait le domaine de Nianing et le club Aldiana. Ils étaient de grands hôtels avec 130 ha pour le domaine de Nianing et 80 ha pour le club Aldiana. Des hôtels avec des capacités d’accueil de 700 à 1000 clients. Ils ont fermé il y a cinq ou six ans », regrette le chef de village, Ibrahima Sène.

Fermeture des deux joyaux, un coup dur

Nianing (Mbour) Le passé colonial rasé, le défi de la sauvegarde du baobab sacré
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Abdoulaye Ndiaye, journaliste de la zone, s’inscrit dans la même dynamique et lance un appel aux investisseurs : « il faut relancer les activités de ces deux hôtels pour revendre la destination de Nianing ».

Selon lui, ces deux gigantesques réceptifs hôteliers participaient à résorber le chômage à Nianing et dans tous les villages environnants.

« Avec ces deux hôtels, les jeunes avaient des perspectives de trouver du travail. Hélas tout s’est arrêté du jour au lendemain », regrette le journaliste.

Ces deux réceptifs, côte à côte, situés à la sortie de Nianing en allant à Pointe Sarène, sont en train de subir le destin de tout bâtiment abandonné : la décrépitude.

D’après le chef de village, des touristes étaient devenus des partenaires privilégiés de Nianing. Ils ont construit des écoles, des hôpitaux et ont apporté un certain soulagement aux populations.

À présent, que ce pan du secteur touristique de Nianing ait fini d’agoniser, le village en ressent fortement les conséquences.

Parmi elles, des candidatures à l’émigration clandestine. Nianing est tristement devenu une zone de départ. Ce village a perdu cinq de ses fils cette année…

Nianing peut compter sur son baobab sacré

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Ayant perdu les marques du comptoir commercial, Nianing conserve toujours son baobab sacré. Il faut traverser le marché « Maguette Sène », braver un sentier en terre vaseux du fait des averses de la veille pour découvrir ce don de Dame-nature.

À peine découverte que la pluie s’invite à nouveau. De grosses précipitations poussent les aventuriers du jour à se replier. Le baobab ne donnant aucun abri. Il faut attendre que le ciel soit moins capricieux… Le lendemain, jour de vendredi, le temps est plus clément.

Le somptueux baobab toujours aussi grand accueille ses visiteurs du jour. Entrer en son sein nécessite un petit rituel : pied gauche en avant, main gauche posée sur l’arbre millénaire, se toucher le front avec la paume de la main droite et descendre les marches vers la sépulture des griots.

Toubab Dialaw est Lieu de farniente et d’inspiration artistique
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Une douce odeur indescriptible envahit cette cour de griots, moins animée que celles de leurs concessions souvent rythmées. Tout est inerte, sans bruit, mal éclairé. Des chauves-souris se manifestent par moment en battant des ailes. « Bienvenue dans le baobab vieux de 1800 ans.

Il a été, pendant longtemps, le cimetière des griots sérères de Nianing », informe le guide Marcel Sène. Le chef du village Ibrahima Sène, dans sa tendre enfance, a assisté à des enterrements de griots dans l’arbre.

« On mettait le cadavre dans le baobab en lui mettant un adossoir », se rappelle-t-il. Les visiteurs peuvent formuler des vœux : quatre pour les hommes et trois pour les femmes. Le total fait sept vœux comme les sept cieux, les sept terres, souligne le guide Marcel Sène.

« Ce baobab ne donne ni charbon de bois ni meuble. Seuls ces feuilles et son fruit sont comestibles », avance-t-il, avant d’ajouter : « Voyez un peu les marques, ça rappelle la forme de l’éléphant. Ainsi se pose la question existentielle : qui de l’éléphant ou du baobab s’est transformé pour donner l’autre ? »

Question existentielle, réponse à renvoyer aux calendes grecques. Par contre, ce qui est sûr, d’après Marcel Sène, dans ce baobab creux où l’on peut entrer et se mouvoir comme dans un petit patio, si c’est un homme, son corps était placé au fond à droite, si c’était une femme elle était installée à l’entrée, tandis que les enfants étaient placés derrière.

La lutte pour la valorisation

Fermeture des deux joyaux, un coup dur
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Ce baobab, certes connu dans la zone, ne bénéficie pas d’une politique de valorisation et de promotion. « Il n’y a que les marchands d’art qui racontent aux touristes l’histoire du baobab. Il arrivait qu’on ramasse des ossements, mais ils étaient remis aux musées », explique Marcel.

Fatou, dite Mamy Diawara, est conseillère municipale de la commune de Malicounda et était la présidente de la commission tourisme dans le précédent bureau municipal. Elle a toujours fait de la valorisation de ce site historique son cheval de bataille.

Hélas ! « On avait même proposé aux propriétaires des parcelles environnantes de les dédommager pour disposer de leurs espaces afin de les utiliser pour en faire des cantines, mais par la suite, avec la Covid, le tourisme a pris un grand coup », explique-t-elle.

Déjà en 2017, Fatou avait réuni une centaine de personnes autour d’une grande soirée près du baobab. Abdoulaye Ndiaye, Directeur de publication de Nianing Info pense que cet arbre doit être mieux valorisé. Il évoque aussi l’idée de mettre en place un village artisanal dans la zone.

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