Cinq minutes pour comprendre la fuite de documents « top secret » du Pentagone sur la Guerre en Ukraine

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Guerre en Ukraine : 5 minutes pour comprendre la fuite de documents « top secret » du Pentagone. Au moins une partie des documents émanerait de l’Etat-major interarmées du Pentagone. Plusieurs photographies de documents relatifs à la guerre en Ukraine, semblant émaner du Pentagone et dont l’authenticité n’avait pas été confirmée de manière indépendante, tournent depuis plusieurs semaines sur des réseaux sociaux.

Guerre en Ukraine : 5 minutes pour comprendre la fuite de documents « top secret » du Pentagone

jour 418 Guerre en Ukraine
jour 418 Guerre en Ukraine

Washington tente depuis quelques jours de rassurer ses partenaires après une importante fuite de documents américains classifiés relatifs à la guerre en Ukraine et à d’autres sujets diplomatiques, dont l’authenticité est remise en question.

De quoi parle-t-on ?

Fuite de documents du Pentagone
Guerre en Ukraine : 5 minutes pour comprendre la fuite de documents « top secret » du Pentagone / Fuite de documents du Pentagone

Les fuites en question prennent la forme de plusieurs photographies, qui semblent avoir été prises à la hâte, et qui ont été diffusées une première fois début mars sur le réseau social Discord par une source anonyme, selon le site d’investigation Bellingcat, qui a pu les consulter avant leur suppression.

Le média affirme qu’ils pourraient avoir été mis en ligne dès janvier. Certaines de ces photos ont ensuite écumé les groupes prorusses sur la messagerie cryptée Telegram.

Selon le New York Times, qui affirme avoir pu consulter la moitié de ces photos et a révélé une partie de leur contenu jeudi, ils émaneraient de « l’État-major interarmées du Pentagone », soit l’un des organes les plus haut placés dans la hiérarchie militaire américaine.

Que révèlent-ils ?

Fuite de documents confidentiels l'ampleur de l'espionnage américain pointée du doigt
Fuite de documents confidentiels l’ampleur de l’espionnage américain pointée du doigt

Une partie de ces documents fournissent des informations sur la guerre en Ukraine. « Des photos semblent montrer des documents au format semblable à celui qui est utilisé pour fournir des mises à jour quotidiennes à nos hauts responsables des opérations liées à l’Ukraine et la Russie, ainsi que d’autres mises à jour de renseignement », a indiqué un porte-parole du ministère américain de la Défense.

Les informations qu’ils contiennent ne semblent ni hautement stratégiques ni vraiment secrètes dans la mesure où elles avaient déjà été publiées par le passé.

Selon les informations glanées par le New York Times, on y apprend notamment que l’armée russe est à la peine et que son « appareil militaire » est « profondément compromis ».

Ils confirment également que les renseignements américains ont toujours un coup d’avance sur leurs homologues du Kremlin et possèdent des informations extrêmement précises sur l’armée russe.

dossiers FinCEN
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Le Pentagone aurait par exemple mis la main sur un plan de formation des artilleurs russes comprenant des formations et des cours sur les faiblesses des chars occidentaux promis à Kiev. « Tout cela n’est pas vraiment un scoop.

On savait déjà que les Américains avaient un coup d’avance en matière de renseignement. Ils avaient par exemple annoncé le jour exact de l’invasion russe de l’Ukraine », rappelle Xavier Tytelman, qui analyse régulièrement le conflit en Ukraine dans des vidéos publiées YouTube.

Pourquoi cela pose problème ?

Les dossiers FinCEN
Les dossiers FinCEN

Premièrement, ces fuites informent l’armée russe du degré de renseignements dont disposent les Américains et des méthodes utilisées pour les obtenir. On apprend par exemple que la CIA est capable d’intercepter des communications internes du ministère russe de la Défense.

Deuxièmement, la publication de ces documents est susceptible de menacer la vie des sources qui en sont à l’origine, autrement dit les espions travaillant sur le terrain pour le compte de Washington.

Enfin, certains documents publiés laissent penser que la Maison Blanche espionne également ses propres alliés dont l’Ukraine, la Corée du Sud, Israël et… la France.

Soldat ukrainien aux commandes d’un canon antiaérien, près de Bakhmout, en mars dernier
Soldat ukrainien aux commandes d’un canon antiaérien, près de Bakhmout, en mars dernier

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Selon l’un d’eux, dont l’authenticité n’avait pas pu être vérifiée, un groupe de soldats des forces spéciales de l’Otan, dont des Français, serait présent dans les zones de combat en Ukraine. Une information immédiatement démentie par le ministère français des Armées.

Là encore, le fait que les Américains récoltent des informations sur leurs partenaires stratégiques ne surprend pas Xavier Tytelman.

« Ils ont par le passé installé un micro dans le téléphone portable de l’ex-chancelière allemande Angela Merkel, rappelle-t-il. Nos responsables le savent, mais ont choisi de fermer les yeux pour préserver leurs liens avec Washington. »

Tous ces documents sont-ils authentiques ?

Fuite de documents confidentiels l'ampleur de l'espionnage américain pointée du doigt ok
Fuite de documents confidentiels l’ampleur de l’espionnage américain pointée du doigt ok

Des responsables occidentaux ont mis en doute l’authenticité et les sources de certains des documents ayant fuité.

Le fait que le Pentagone lance une enquête pour savoir comment la fuite a pu se produire laisse cependant penser qu’au moins une partie d’entre eux sont véridiques.

Mais il est fort possible que certains aient été falsifiés, comme l’affirment des responsables sud-coréens.

→Une fuite a particulièrement fait parler d’elle : il s’agit d’une estimation des pertes dans les deux camps.

Le document rapporte que 189 500 à 223 000 soldats russes auraient été mis hors de combat depuis le début du conflit, dont au moins 43 000 tués au combat, contre 124 500 à 131 000 victimes ukrainiennes, dont 17 500 morts au combat.

Or, selon Bellingcat, les pertes russes auraient été grossièrement modifiées entre la première publication sur Discord et la seconde sur une boucle Telegram. « 40 000, c’est le nombre de soldats de Wagner tués depuis le début du conflit. Il est donc impossible que les Russes n’aient perdu que 43 000 hommes », estime Xavier Tytelman.

PAR KAFUNEL.COM Avec REUTERS/Joshua Roberts

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