Quand ces héroïnes africaines ont livre bataille pour l’indépendance du continent africain. Princesses, prophétesses, simples citoyennes, de nombreuses africaines se sont impliquées dans la lutte anti-coloniale après les tout premiers contacts entre Européens et Africains jusqu’aux années 60.
Table des matières
Voici cinq héroïnes de la lutte contre le colonialisme à découvrir ou à redécouvrir.
Cette année, le contexte particulier de la mort de l’afro-américain George Floyd, tué lors de son arrestation à Minneapolis aux Etats-Unis, a redonné une vigueur au débat sur les traces du colonialisme en Afrique.
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Aline Sitoé Diatta, Sénégal (1920-1944)
Originaire de la basse-Casamance, Aline Sitoé Diatta (héroïnes) fut l’une des premières résistantes contre la domination française.
Orpheline très jeune, elle a été élevée par son oncle paternel. Quand celui-ci est mort à son tour, elle est partie vivre à Ziginchor où elle a travaillé comme docker puis à Dakar où elle trouva du travail comme domestique chez un colon.
Un jour de 1941, elle entend une voix lui dire d’entrer en résistance contre les colons pour sauver le Sénégal et de retourner en Casamance sous peine de connaître un malheur. Elle choisit tout d’abord d’ignorer cette voix et devient paralysée quatre jours plus tard.
Ce n’est qu’une fois de retour en Casamance, en 1942, que la paralysie disparait même si elle garde en séquelle un léger boitillement.
A cette époque, la France est pleinement engagée dans la deuxième guerre mondiale et demande à ses colonies de contribuer à l’effort de guerre de la métropole. Les autorités françaises au Sénégal ponctionnent la moitié des récoltes de riz de Casamance. Révoltée par cet état de fait, Aline Siloé Diatta (héroïnes) dissuade les habitants de sa région de participer à l’effort de guerre et les pousse à refuser l’enrôlement dans l’armée française.
On prête également à celle qui était surnommée « la femme qui était plus qu’un homme » des pouvoirs de guérison et de nombreuses personnes se déplacent pour la voir en pèlerinage afin d’obtenir un miracle. Ce pouvoir spirituel, lui confère également une forte autorité sur la population.
Craignant de possibles troubles dans cette région de Casamance traditionnellement réfractaire au pouvoir colonial, les autorités françaises arrêtent Aline Sitoé Diatta le 8 mai 1943, en même temps que son mari.
Elle est ensuite transférée de prison en prison, au Sénégal, en Gambie puis à Tombouctou au Mali où elle décède finalement du scorbut en mai 1944.
Lalla Fatma N’Soumer, Algérie (1830-1863)
Femme éduquée née dans une famille de lettrés (héroïnes), elle rejoint la résistance kabyle à l’âge de 20 ans.
Prophétesse et stratège, elle est très respectée parmi les combattants. En 1854, elle succède au chef de la résistance Chérif Boubaghla.
Cette même année, elle remporte la bataille du Haut Sebaou, sa première victoire contre les français. Capturée au combat par l’armée française en 1857, elle meurt en prison à l’âge de 33 ans.
Sarraounia Mangou, Niger, XIXe siècle
« Sarraounia » signifie « reine » (héroïnes) en langue haoussa. Elle a été chef politique et religieuse présidant depuis Lougou, la capitale aux destinées du royaume Azna, dans le sud-ouest du Niger.
En 1899, elle organise la résistance contre la colonne d’exploration Voulet-Chanoine, réputée l’une des missions les plus meurtrières de la colonisation française en Afrique de l’Ouest.
La Mission Afrique centrale, créée en 1898 et dirigée par les capitaines Paul Voulet et Julien Chanoine, partie de Saint-Louis du Sénégal devait rejoindre le Tchad.
Sur son passage, la mission pille et détruit de nombreux de villages dans les régions traversées. Mais à Lougou, ils rencontrent l’opposition des soldats de la Sarraounia Mangou.
« Dès qu’elle eût quitté Matankari, la Mission se heurta à l’hostilité des villages de Lougou et Tongana, situés à une vingtaine de kilomètres au nord-est de cette ville. Leur résistance acharnée coûta à la Mission 7 000 cartouches, 4 tués et 6 blessés », témoignent les archives de la colonne Voulet-Chanoine.
Kimpa Vita/Dona Beatriz, Congo, (1684 – 2 Juillet 1706)
Jeune fille issue de la noblesse (héroïnes), Dona Beatriz tombe malade en 1704 et prétend être possédée par l’esprit de saint Antoine.
En ce début de 18ème siècle, le royaume du Kongo était divisé par des guerres civiles, son ancienne capitale, São Salvador, abandonnée avec l’arrivée des Portugais au Kongo en 1482.
Dona Beatriz appelle à la reconstruction du royaume et l’émancipation du peuple du Kongo face au colon portugais.
Elle lance une guérilla politico-religieuse. En 1706, elle est capturée par le roi Pedro II et brûlée comme hérétique sur ordre des moines capucins.
Elle aujourd’hui encore très considérée chez plusieurs peuples Kongo (Congo RDC, Congo-Brazzaville ou encore Angola), notamment dans certaines religions locales comme le kimbanguisme.
M’Balia Camara, Guinée (1929 – 18 Février 1955)
Militante politique au sein du RDA, le parti pro-indépendance de Sekou Touré, M’Balia Camara dirige le comité local des femmes de ce parti dans la ville de Tondon, dans le Nord-est du pays.
Membre très active de la contestation contre le délégué colonial local, le chef Almamy David Sylla. Après une altercation, ce dernier attaque M’Balia Camara le 9 février 1955 et la blesse gravement avec son épée alors qu’elle était enceinte.
Elle accouche d’un enfant mort-né le 11 février avant de mourir elle-même une semaine plus tard.
Cette mort tragique suscite une vague d’émotion dans le pays et 10.000 personnes assistent à son enterrement. Son décès renforce le mouvement en faveur de l’indépendance du Pays.