Non, le consul du Sénégal à Milan en Italie n’a pas été tabassé. Une vidéo diffusée depuis le 5 juin affirme montrer une bagarre dans les rues de Milan, en Italie, durant laquelle le consul sénégalais de la ville aurait été frappé, en marge de manifestations de Sénégalais dénonçant les actuelles violences au Sénégal. L’homme agressé est en réalité un simple ressortissant sénégalais venu déposer des documents.
Table des matières
Le consul du Sénégal à Milan en Italie n’a pas été tabassé
Une vidéo prétend montrer l’agression du consul du Sénégal à Milan, en marge d’une manifestation suite aux violences au Sénégal. Mais l’homme agressé n’est pas le consul.
La vérification en bref :
Lors d’une manifestation à Milan en Italie près du consulat sénégalais, une vidéo montrerait l’agression du consul
L’homme agressé n’est autre qu’un simple ressortissant sénégalais venu déposer des documents au consulat, comme il l’a confirmé à notre rédaction
Le consul du Sénégal à Milan était hors du pays au moment des faits
Le détail de la vérification
“Le Consul Général du Sénégal à Milan tabassé ” affirment plusieurs vidéos diffusées depuis le 5 juin sur Twitter ou Facebook. On y voit une bagarre, dans un grand brouhaha, avec un homme se faisant mettre à terre et frapper au visage avant d’être mis à l’écart par des policiers italiens en uniforme. La scène se déroule en marge de manifestations devant le consulat de Milan après les violences ayant eu lieu au Sénégal depuis la condamnation d’Ousmane Sonko.
Une de ces vidéos a été vue 527 000 fois sur Facebook. Selon les légendes partagées, l’homme frappé, avec un sweat orange, serait ainsi le consul du Sénégal à Milan, Mamadou Lamine Diouf.
Des médias sénégalais, mais aussi italiens, se sont ainsi fait l’écho de l’agression du diplomate sénégalais.
Capture d’écran d’une des publications affirmant montrer le consul du Sénégal à Milan agressé. © Facebook OumyThiareTV.
Des violences en marge d’une manifestation devant le consulat du Sénégal à Milan
Des manifestations ont bien eu lieu le lundi 5 juin devant le consulat situé au 187 Viale Certosa à Milan, comme en attestent des vidéos publiées sur les réseaux sociaux. À cette occasion, le consulat a été saccagé par des manifestants.
La scène de bagarre a elle aussi bien été filmée non loin du consulat du Sénégal de Milan, comme en attestent des indices visuels présents dans la vidéo : un tag reconnaissable ou des immeubles au second plan sont bien visibles sur Google Street view au croisement de la rue Tibullo et de la rue Certosa.
À gauche, captures d’écran de la vidéo partagée le 5 juin affirmant montrer “l’agression du consul du Sénégal à Milan”. À droite, capture d’écran Google Street view du croisement viale Certosa et via Tibullo à Milan. Les mêmes immeubles et arbres (en rouge) ainsi que le même tag (en bleu) sont visibles. Coordonnées : https://goo.gl/maps/zfr9WiEXteTvSEX49
Un simple citoyen sénégalais agressé
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu retrouver l’homme agressé, qui n’est en aucun cas le consul du Sénégal à Milan.
La victime s’appelle Mamadou Diène, et il a posté dès le 5 juin, jour de son agression, une vidéo sur son compte Facebook pour expliquer les circonstances de son agression. On voit qu’il y porte la même casquette et le même sweat orange que dans la vidéo.
À gauche, capture d’écran de la vidéo de l’agression diffusée le 5 juin. À droite, capture d’écran d’une vidéo faite par Mamadou Diène, la victime, quelques heures après son agression.
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu parler avec Mamadou Diène le 7 juin. Il revient sur les circonstances de son agression.
J’avais travaillé de nuit dans la salle de fitness où je suis employé, et je me suis rendu au consulat de Milan pour récupérer une autorisation parentale dans le cadre du voyage de mes enfants qui devaient se rendre à Dakar. Je suis alors tombé sur ces manifestants, que j’ai d’ailleurs filmés dans un direct posté sur mes réseaux sociaux.
Je n’étais pas du tout là pour manifester, mais je leur ai dit que vraiment, personne ne peut se satisfaire de ce qu’il se passe au Sénégal. Mais pour autant, je leur ai demandé de la retenue et de ne pas s’en prendre aux bureaux du consulat, que ce n’était pas du tout une attitude patriote.
Quand des jeunes sont rentrés pour tout casser, j’ai fermement opposé mon désaccord. C’est là qu’un des manifestants à commencer à me donner des coups, auxquels j’ai répliqué. Puis s’en est suivi la scène qu’on voit dans la vidéo, avec une horde de personnes qui sont parties à ma poursuite.
J’ai été blessé par des coups au visage, et j’ai depuis une douleur à l’adducteur. Mais c’est vraiment quand j’ai vu que certains affirmaient que c’était le consul qui avait été attaqué que je me suis dit qu’il n’était pas possible de laisser diffuser de la désinformation, et que je devais parler.
Le consul sénégalais à Milan hors du pays au moment des faits
La rédaction des Observateurs de France 24 a également pu s’entretenir avec le consul du Sénégal à Milan, Mamadou Lamine Diouf, qui n’était pas à Milan lors du saccage du consulat.
J’étais en congés au Sénégal pour une quinzaine de jours, lorsqu’on m’a informé du saccage du consulat. Puis, j’ai eu vent de la vidéo par des amis qui m’ont dit que des gens étaient en train de me tabasser à Milan, alors que j’étais chez moi à Dakar !
Suite à ces événements, je suis rentré dès le 6 juin à Milan, pour évaluer l’ampleur des dégâts, et voir ce que nous pouvions faire avec les autorités italiennes pour définir les responsabilités. C’est inquiétant de voir que la situation dégénère comme ça a aussi été le cas à Bordeaux [le 2 juin, NDLR]. Ce n’est pas normal que des consulats soient attaqués et soient obligés de fermer, cela a des conséquences sur les citoyens sénégalais vivant à l’étranger.
Mamadou Lamine Diouf a, par ailleurs, rendu visite à la victime, Mamadou Diène, à son retour du Sénégal ce 6 juin, comme en atteste une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Le Sénégal a annoncé, mardi, la fermeture de ses consulats à l’étranger, notamment à Paris ou à New York, en plus de ceux de Bordeaux et Milan.
Entre le 1er et le 3 juin, le pays a connu ses pires troubles depuis des années après la condamnation d’Ousmane Sonko, le rendant inéligible pour la présidentielle de 2024. Les manifestations au Sénégal ont été durement réprimées, et la présence d’hommes en civil armés a été interrogée sur les réseaux sociaux.
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© Kafunel Avec France 24 / Observateurs
