L’Équateur s’embrase depuis près d’une semaine. En cause, la fin des subventions sur les carburants octroyées par les autorités. Une décision qui a plongé le pays dans le chaos.

Tout a commencé après l’annonce, mardi 1er octobre, de la fin des subventions sur les carburants. Une pratique qui était ancrée depuis plusieurs années dans ce pays. Une décision nécessaire pour obtenir l’aide du Fond monétaire international qui s’était mis d’accord sur un prêt de plus de 4 milliards de dollars pour aider l’Équateur à redresser son économie.

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Dans un pays où le transport routier est roi, le prix du carburant est un point sensible. Cette mesure a donc logiquement engendré une réaction du secteur des transports, la « classe du volant » comme on le surnomme en Équateur.

Syndicats et patronat de ce secteur ont donc littéralement bloqué le pays durant 48h, jeudi et vendredi dernier, obligeant les écoles à fermer et réduisant drastiquement l’activité économique. L’industrie du pétrole en a notamment pâti avec une baisse de 12% de sa production.

Des hausses qui pourraient atteindre 120%

Il faut dire que les hausses annoncées des tarifs des carburants pourraient atteindre plus de 120%. Une situation qui a forcé les autorités à décréter l’état d’urgence pour déployer des forces de l’ordre en nombre.

Samedi, le secteur des transports a annoncé mettre fin au mouvement, tout en convoquant une grève nationale pour ce mercredi. Mais les communautés indigènes de plusieurs provinces du pays ont décidé, elles, de poursuivre le conflit, durcissant même le mouvement.

Face à ces affrontements et craignant des débordements ce mercredi, le président Lenín Moreno a annoncé, lundi 7 octobre, le transfert de son gouvernement à Guayaquil, la deuxième plus grande ville du pays, située à 200 km au sud de la capitale, Quito.

► REPORTAGE

À moins de 24 heures du début de la grève générale indéfinie annoncée par les organisations indigènes et les syndicalistes, l’Équateur est déjà sévèrement paralysé. Pratiquement toutes les routes de la région andine sont bloquées par les communautés indigènes et le prix des vivres a fortement augmenté.

Avec Éric Samson, correspondant RFI à Quito

Sur l’aéroport de Quito, un avion de transport Hercules C130 de l’armée de l’Air fait le plein de fruits et légumes et de produits de première nécessité. Il décollera dans quelques minutes pour la ville de Cuenca. Toutes les routes qui mènent à la capitale de la province de l’Azuay sont bloquées et les problèmes d’approvisionnement augmentent.

À Quito, Cesar Miranda peut encore faire son marché mais la facture le fait tiquer.
« Tous les légumes ont augmenté, notamment la pomme de terre qui ne sort plus des communautés indigènes. Le riz valait 35 centimes la livre, maintenant c’est 55.

Tout est cher, tout a augmenté à cause de la hausse des combustibles, mais les distributeurs exagèrent aussi. Il n’y a pas de raison de doubler les prix. »

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Devant une station-service où il a dû acheter du super plutôt que de l’essence ordinaire qui fait défaut, Carlos Navarette a lui aussi une mauvaise surprise : « Je viens de remplir le réservoir et il y a une différence. J’ai payé 7 dollars alors qu’avant avec 5 c’était suffisant pour faire le plein de la moto. »

Tout près, Mariano Arteaga hésite à sortir son taxi. Dans les rues, les vandales sont nombreux qui réclament quelques dollars pour ne pas briser les vitres des taxis qui se hasardent dans les rues. Ce serait un grand risque pour pas grand-chose. « Je ne peux pas augmenter mes tarifs tout de suite. Mes clients ne paieraient pas. On est en pleine crise, y’a pas de travail, y’a pas d’argent. »

Alors que les habitants de la capitale se précipitent ces derniers jours dans les supermarchés, tous les marchés de Quito seront fermés mercredi et jeudi pour éviter les pillages.

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