L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré ce mercredi 17 juillet l’urgence sanitaire mondiale en raison de l’épidémie d’Ebola en RDC qui a tué 1 668 personnes depuis l’été dernier. Une alerte donnée après le décès du premier cas détecté dans une métropole, Goma, deuxième ville du pays au carrefour des Grands Lacs. Alors à quoi correspond cette urgence sanitaire mondiale ?

La décision de déclarer une urgence de santé publique à portée internationale est prise par un collège d’experts de l’OMS. Pour cela, l’Organisation mondiale de la santé prend en compte plusieurs critères au premier rang desquels le risque de propagation du virus à l’international.

Dans le cas de la fièvre hémorragique Ebola, cette déclaration d’urgence sanitaire mondiale traduit donc l’inquiétude des experts de voir la maladie se propager dans d’autres pays.

Un patient est décédé lundi pendant son transfert de Goma vers Butembo. La ville de Goma, qui compte 1 million d’habitants, est située sur la frontière avec le Rwanda. Son aéroport international est par ailleurs très connecté à Kinshasa ou encore Addis Abeba.

Avec une dizaine de cas confirmés par jour, en moyenne, la situation reste aussi préoccupante dans le reste de l’est du pays, même si on est loin des pics à plus d’une vingtaine de cas quotidiens de janvier ou juin. Des alertes qui s’expliquaient par la défiance de la population vis-à-vis des centres de traitement et par les attaques répétées – plus de 200 d’après l’OMS – de ces mêmes centres par des groupes armés.

À Butembo, les différents acteurs de terrain estiment aujourd’hui que les efforts communautaires commencent à porter leurs fruits, avec un recul du nombre de cas. Mais l’épicentre d’Ebola semble se déplacer de nouveau à Beni, foyer d’origine de l’épidémie, où la situation se dégrade nettement depuis mai.

Pour la société civile locale c’est la preuve qu’il faut « relativiser » l’optimisme des autorités, qui continuent d’affirmer avoir les choses « sous contrôle ».

Le directeur général de l’OMS a déclaré qu’il « était temps pour le monde de prendre acte » de l’épidémie, mais il a recommandé que les frontières de la RDC avec ses voisins restent ouvertes, sans quoi les traversées informelles vont se multiplier, en même temps que le risque de propagation d’Ebola.

Dès à présent, suite à cette alerte mondiale, les 196 pays signataires du règlement sanitaire international vont devoir renforcer leur surveillance du virus Ebola à l’intérieur de leurs frontières, mais également dans leurs aéroports et ports maritimes avec des contrôles systématiques des passagers. C’est la cinquième fois depuis 2005 qu’une urgence sanitaire mondiale est lancée par l’OMS.

► Un « appel à plus d’efforts »

Le docteur Sinan Khaddaj, secrétaire général de l’ONG Women and Health Alliance (Waha), se réjouit de la décision de l’OMS. Selon lui, elle devrait permettre la mobilisation qui s’impose pour venir à bout de l’épidémie.

D’abord, c’est une reconnaissance de la gravité de la situation et un aveu de l’échec à contenir l’épidémie malgré quand même des avancées techniques importantes et la présence d’un vaccin efficace. C’est aussi un appel à plus d’efforts. Plus de moyens humains, techniques et financiers.

Tedros Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, se défend toutefois d’avoir relevé le niveau d’alerte pour obtenir des fonds. Il s’agit de « lutter contre une maladie. Aucun donateur n’a retiré sa contribution parce que l’OMS n’avait pas classé Ebola urgence sanitaire internationale. Mais si certains ont utilisé cette excuse pour ne pas apporter leur aide financière, alors ils ne peuvent plus le faire ».

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