La légalisation éventuelle des okadas, les motos-taxis, s’est invitée dans la campagne des élections présidentielle et législatives de décembre 2020.
Au Ghana, et aussi au Nigeria voisin, on les appelle okadas. Les motos-taxis pullulent dans les grandes villes d’Afrique. Ils permettent de pallier le manque de transports en commun et de s’affranchir, en partie, d’une circulation congestionnée.
Une offre de transport alternative pourtant réputée comme particulièrement dangereuse, que beaucoup d’usagers admettent utiliser la peur au ventre.
Du reste, dans plusieurs pays, des plateformes de mise en relation sont apparues, garantissant un service de qualité et plus sûr.
Au Ghana donc, les motos-taxis parcourent également les rues, mais en toute illégalité. La peur de la police justifierait, selon les conducteurs, le non-respect du code de la route.
L’un d’eux explique à Modern Ghana : « Lorsque vous vous arrêtez à un feu, la police arrive par derrière et vous interpelle. C’est pourquoi les okadas grillent le feu. »
Au départ, l’idée était de remettre un peu d’ordre dans tout ça. L’interdiction du transport de passagers en moto-taxi remonte à une loi de 2012.
Dans le cadre plus général d’une remise à plat des règles de circulation, la légalisation des okadas a fait son chemin. Le gouvernement a lancé une vaste consultation en 2019. Interrompue en raison du coronavirus, elle reprend en octobre 2020.
Motos-taxis, Un enjeu électoral
Mais entre-temps, l’opposition a choisi son camp. Deux partis, le BDC et le NDC, ont promis de légaliser ce moyen de transport en cas de victoire aux élections (présidentielle et législatives) prévues le 7 décembre 2020.
Le futur des okadas est devenu un enjeu national, un argument électoral. Une candidate du NDC au Parlement, Joycelyn Tetteh, a même emprunté l’un d’eux pour venir déposer sa candidature.
Beaucoup voient dans la légalisation de l’activité le moyen de sortir les jeunes du chômage. Daniel Dotse, le responsable d’une ONG qui œuvre à la formation des jeunes, estime que cette activité a fait baisser le taux de chômage dans sa région.
Au Ghana, un tiers des enfants en âge d’être scolarisés déserte l’école. « L’okada business a amélioré la vie de nombreux jeunes. S’il devient légal, cela encouragera d’autres jeunes à le faire. »
Une opportunité pour les jeunes
Mais la sécurité demeure l’argument majeur de ceux qui s’opposent à la légalisation des motos-taxis. Ils évoquent la multitude d’infractions et d’accidents dont ils sont témoins et qui ne ferait qu’augmenter en légalisant l’activité.
« Sommes-nous prêts à sacrifier la vie de ces conducteurs et de ces passagers au prétexte que cela va créer des emplois ? », s’indigne Ghana Africa News.
Pour l’heure, le parti au pouvoir, le New Patriotic Party (NPP), n’entend pas créer une nouvelle législation qui légaliserait les okadas au Ghana.
Selon le vice-président Mahamudu Bawunia, il faut surtout offrir aux conducteurs les moyens de passer à un mode de transport plus sûr, en l’occurence l’automobile. Une proposition soutenue par certains motards, selon The Independant Ghana.
Ils reconnaissent exercer ce métier faute de moyens pour en faire un moins dangereux.
La voiture comme alternative
En revanche, la principale association de conducteurs, Motor Riders Association of Ghana, a rejeté les propositions du vice-président. « Nous sommes des motards. Si on nous donne une voiture, quand allons nous apprendre à la conduire ? », a justifié Yen Sempa, le président de l’association.
Preuve que la question est avant tout économique. Car la moto est un véhicule abordable qui permet un transport peu onéreux.
Et si les okadas prolifèrent, c’est en raison de l’incapacité des pouvoirs publics à créer des services de transport en commun. C’est aussi à cause du manque de travail que de nombreux jeunes du pays enfourchent leurs motos.
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