Amnistie ou réhabilitation de Karim et Khalifa… Macky veut miser sur le choc des ambitions et égos pour dynamiter l’opposition en vue de 2024. Dans une sortie médiatique sur Radio France internationale (RFI) et France 24,avant-hier, Macky Sall s’est dit ‘’favorable’’, dans l’esprit, à une ‘’réhabilitation’’ de Karim Wade et de Khalifa Sall.

Réhabilitation de Karim et Khalifa ou Amnistie 

Le retour dans le jeu politique de ces fortes personnalités de l’opposition risque de rebattre les cartes, en vue des Législatives et de la Présidentielle de 2024.

Si pour certains, cette mesure vise à apaiser le climat, d’autres y voient un moyen de casser la dynamique unitaire de l’opposition qui risque de faire face à un choc des ambitions, en vue de 2024. Quotidien « EnQuête »

Macky Sall ne rate jamais l’occasion de rappeler qu’il n’est pas contre l’idée d’’’amnistier’’ ou de ‘’réhabiliter’’ Khalifa Sall, ancien Maire de Dakar, et l’ancien ministre de l’Energie, Karim Wade, tous les deux condamnés pour des faits de détournement de deniers publics et de corruption, pour le premier (2018) et d’enrichissement illicite, pour le second (2015). Des condamnations qui les avaient exclus du jeu politique

Qu’est-ce que le président peut gagner, en faisant revenir ces deux personnalités politiques de l’opposition dans l’arène politique ? A quelle forme de recomposition peut-on s’attendre avec le retour de ces personnalités politiques ? Y a-t-il une volonté d’éviter une agrégation des forces de l’opposition autour de Sonko – Khalifa – Karim susceptible de faire vaciller tout le ‘’Macky’’ ?

Le choc des ambitions et égos de Macky Sall pour dynamiter l’opposition en vue de 2024

Le retour du secrétaire général adjoint du PDS de son exil doré de Doha peut aussi pousser certains cadres libéraux à ranimer le vieux fantasme des retrouvailles de la famille libérale entre l’APR et le PDS, longtemps théorisées par l’ancien ministre Serigne Mbacké Ndiaye.

Une démarche dont l’ancien Premier ministre Idrissa Seck risque d’en faire les frais.

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L’ex-maire de Thiès, dont il se dit sous certaines chaumières qu’il n’est plus en bons termes avec Macky Sall, serait marginalisé par ce nouvel attelage politique.

Les discussions pour une éventuelle amnistie de ((Njoomborton’’ (NDLR : lapereau) butaient sur la forme de cette réhabilitation.

Le président Macky Sall serait favorable à une amnistie, alors que l’ex-ministre d’Etat réclame la révision de son procès devant la Crei.

Le vote d’une loi d’amnistie pour des personnes condamnées

Dans cette démarche, le chef de l’Etat ne risque pas de prendre un retour en flamme, avec le vote d’une loi d’amnistie pour des personnes condamnées pour des délits économiques et financiers ; ce qui serait une première au Sénégal.

Une tache d’huile dans le magistère de Macky Sall qui avait fait de la reddition des comptes et la lutte contre la corruption son principal argument de campagne en 2012.

Sur ce, une loi d’amnistie permettrait de passer sous le tapis différents scandales qui ont éclaboussé plusieurs hauts responsables du régime : affaire Petrotim (Aliou Sall), 94 milliards du Prodac (Mame Mbaye Niang et Amadou Ba), gestion du Coud (Cheikh Oumar Hann).

Khalifa Sall lesté de son carcan judiciaire qui le frappe d’inéligibilité

Le choc des ambitions comme source de division au sein de l’opposition En outre, le retour dans le “Game” d’un Khalifa Sall, lesté de son carcan judiciaire qui le frappe d’inéligibilité, ne manquerait pas de pousser son avantage et ses ambitions en vue de 2024.

Une démarche qui risque de dynamiter l’opposition qui tente de se coaliser.

Selon Momar Diongue, analyste politique, une amnistie ou une réhabilitation de ces deux personnalités politiques va nécessairement redistribuer les cartes au sein de l’opposition.

Des plaques tectoniques risquent de s’entrechoquer au gré de l’affirmation des ambitions qui composent cette opposition.

Par l’intermédiaire d’une loi d’amnistie

‘’La meilleure stratégie que peut faire Macky Sall, est de travailler à un choc des ambitions au sein de l’opposition.

Si Karim Wade et Khalifa Sall reviennent dans le jeu politique, par l’intermédiaire d’une loi d’amnistie – ce qui leur permettra d’être à nouveau éligible – cela va changer complètement la donne.

Dynamique unitaire entre Sonko et Khalifa Sall

En effet, le PDS et Karim Wade voudraient afficher leurs ambitions et, de la même manière qu’un Khalifa Sall qui ne se permettra plus d’adouber une Soham El Wardini ou un Barthelemy Dias.

Il se repositionnera dans le jeu, en vue des Législatives, mais aussi en direction de 2024. Cette dynamique unitaire entre Sonko et Khalifa Sall va forcément se briser.

De ce fait, cette situation risque, à terme, de nuire à Ousmane Sonko qui faisait figure d’épouvantail de l’opposition dont le boulevard pour 2024 va rétrécir.

Macky Sall toujours demeurer maître du temps

Khalifa Sall et Karim ne manqueront pas de marcher sur ses platebandes et, en définitive, de grignoter son électorat’’, affirme-t-il.

Poursuivant son propos, le journaliste considère que cette éventualité ne va pas empêcher Macky Sall de toujours demeurer maître du temps, en mettant en œuvre la théorie du diviser pour mieux régner.

‘’C’est toute la structuration du jeu politique qui va changer, avec beaucoup de camps et d’ambitions qui vont s’entrechoquer et ils vont se neutraliser et bénéficier au camp du pouvoir.

Plus l’opposition va être divisée, plus les ambitions vont s’afficher

Il va utiliser la vieille méthode du diviser pour mieux régner. Car il ne faut pas oublier : plus l’opposition va être divisée, plus les ambitions vont s’afficher et plus ils vont se disperser et le camp du pouvoir se portera mieux’’, soutient Momar Diongue.

Qui ajoute que cette balkanisation de l’opposition pourra être bénéfique au camp présidentiel qui se verrait ainsi offrir une voie royale pour désigner et installer un potentiel dauphin pour Macky Sall en 2024.
Macky Sall veut éviter cette dualité avec Ousmane Sonko.

Quatre ans pour se construire un destin présidentiel

‘’La division de l’opposition permettra à Macky Sall de préparer au calme son prochain dauphin. Il a fallu à Macky Sall quatre ans pour se construire un destin présidentiel, entre 2008 et 2012.

On est à trois ans de 2024 ; il peut travailler à installer un dauphin. Il va rétablir le poste de Premier ministre. Il se peut que ça aille dans ce sens-là. Il aura l’occasion de l’exposer, de le mettre à l’épreuve et de le présenter aux Sénégalais.

Dans cette optique, il peut utiliser les leviers du pouvoir pour bien affiner cette candidature et ensuite, de l’accompagner dans le cadre de la majorité pour en faire son dauphin’’, informe-t-il.

Pour sa part, Ibrahima Bakhoum indique que la réhabilitation ou une loi d’amnistie pour Khalifa Sall et Karim Wade épouse parfaitement la volonté du président Macky Sall d’éviter une dualité avec Ousmane Sonko qui fait preuve de résilience face aux nombreux obstacles qui se dressaient sur son chemin politique.

Hésiter alors à rejoindre Karim Wade

‘’Au début des coalitions, bien avant qu’on ne parle de Wallu et de Yewwi Askan Wi, j’avais dit que Macky Sall va être le premier à la casser.

Dès qu’il réhabilitera Karim, les rapports vont changer. Des gens du PDS qui avaient rejoint Macky Sall et qui ne se retrouvent pas dans la majorité élargie, ne vont plus hésiter alors à rejoindre Karim Wade.

Ce dernier pourra aussi compter sur l’aura de Me Wade pour s’imposer sur la scène politique sénégalaise’’, indique-t-il.

L’analyste politique n’exclut pas de possibles retrouvailles de la grande famille libérale qui viendrait accomplir la prophétie du ‘’Pape du Sopi’’ qui voulait 50 ans de pouvoir libéral au Sénégal.

‘’Peut-être que ça n’a jamais été un projet pour Macky Sall. Mais il a dû faire contre mauvaise fortune bon cœur face, au risque d’une plus grande dualité entre lui et Ousmane Sonko. Et, par ailleurs, la tentative de liquidation du PDS a échoué, car la charge affective autour de la personne de Me Wade rend très difficile ce dessein.

Le chantre du libéralisme sénégalais Abdoulaye Wade’

Donc, il peut être tenté par un rapprochement avec le chantre du libéralisme sénégalais Abdoulaye Wade’’, indique l’ancien directeur de publication de ‘’Sud Quotidien’’.

Quid d’Idrissa Seck dans la perspective d’une recomposition de la classe politique sénégalaise avec le ‘’come-back’’ de Khalifa Sall et de Karim Wade ?

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‘’Idrissa Seck est déjà marginalisé. Il a fait le deuil de son ambition présidentielle. Il s’est rendu compte qu’il ne peut plus réunir autour de sa personne, comme il l’avait fait en 2019, lors de la Présidentielle.

Lors de ce scrutin, il avait réussi à réunir des personnalités comme Pape Diop, Malick Gakou et un Khalifa Sall, et il s’est rendu compte qu’il ne pourra jamais réunir une coalition comme celle de 2019.

Il a préféré rejoindre la majorité’’, répond-il

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