Perspectives de l’économie mondiale 2023. Le risque de récession pointe à l’horizon. L’année 2022 touche à sa fin, laissant espérer le retour à une activité économique normale, l’année prochaine. L’année 2022 a été frappée par un contexte géopolitique inédit en Europe: la guerre en Ukraine. Ses conséquences sur l’approvisionnement en énergie ont augmenté les pressions sur le marché des matières premières et ont eu impact sur l’ensemble de l’Europe.
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Risque de récession pointe à l’horizon 2023
L’activité économique mondiale subit un ralentissement généralisé et plus marqué, avec une inflation qui atteint des niveaux jamais vus depuis plusieurs décennies.
D’après le FMI, «la crise du coût de la vie, le durcissement des conditions financières dans la plupart des régions, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les effets persistants de la pandémie du Covid-19 sont autant de facteurs qui pèsent lourdement sur les perspectives».
La croissance mondiale a ralenti de 6,0 % en 2021, 3,2 % en 2022 pour atteindre 2,7 % en 2023. Il s’agit du profil de croissance le plus morose depuis 2001, «si l’on excepte la crise financière mondiale et le pic de la pandémie du Covid-19», précise l’institution financière.
Selon les prévisions, l’inflation mondiale a bondi de 4,7 % en 2021 à 8,8 % en 2022, avant de diminuer à 6,5 % en 2023 et 4,1 % en 2024.
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La politique monétaire doit veiller, l’année prochaine, au rétablissement de la stabilité des prix. De même pour la politique budgétaire qui devrait atténuer les pressions sur le coût de la vie, tout en maintenant une orientation suffisamment restrictive alignée avec la politique monétaire.
«Des réformes structurelles peuvent apporter un soutien supplémentaire à la lutte contre l’inflation en améliorant la productivité et en atténuant les problèmes d’approvisionnement, tandis qu’une coopération multilatérale efficace est nécessaire pour accélérer la transition vers les énergies vertes et éviter la fragmentation», estime le FMI.
Et d’ajouter que la normalisation des politiques monétaires et budgétaires, qui avaient apporté un soutien sans précédent pendant la pandémie, freine la demande en cette période où les décideurs sont soucieux de ramener l’inflation aux niveaux cibles.
Cependant, plus nombreux sont les pays qui connaissent un ralentissement, voire une contraction, de leur activité économique.
Le sort de l’économie mondiale dépend essentiellement de la bonne calibration de la politique monétaire, du déroulement de la guerre en Ukraine et d’éventuelles nouvelles perturbations de l’offre liées à la pandémie.
Risques de détérioration
La baisse de la croissance mondiale en 2023 (2,7 %) «tient aux ralentissements marqués des grandes puissances économiques: une contraction du PIB américain au premier semestre de 2022, suivi d’un repli dans la zone euro au second, et une persistance des flambées du Covid-19 et des confinements en Chine, sur fond de crise grandissante du secteur immobilier».
Des risques de détérioration plus élevés continuent de peser sur les perspectives. «Les autorités monétaires pourraient faire fausse route dans leurs stratégies de réduction de l’inflation. Les grands pays pourraient maintenir des orientations de plus en plus divergentes, ce qui alimenterait l’appréciation du dollar et les tensions entre pays.
L’inflation pourrait persister plus encore, sous l’effet de nouveaux chocs sur les prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Le durcissement des conditions de financement à l’échelle mondiale pourrait être à l’origine d’une vague de surendettement dans les pays émergents.
L’interruption des livraisons de gaz par la Russie pourrait faire baisser la production en Europe», précise l’institution financière.
Selon la même source, la croissance pourrait de nouveau être entravée par une résurgence du Covid-19 ou de nouvelles alertes sanitaires d’ampleur mondiale.
Une aggravation de la crise du secteur immobilier en Chine pourrait se propager à son secteur bancaire et peser lourdement sur la croissance du pays, ce qui aurait des retombées néfastes sur le reste du monde.
Enfin, «la fragmentation géopolitique pourrait gêner les échanges commerciaux et les mouvements de capitaux, entravant davantage la coopération en matière climatique.
Les aléas qui influent sur les perspectives sont nettement orientés à la baisse : la probabilité de voir la croissance mondiale à un horizon d’un an passer sous la barre des 2,0 % (dans le dixième centile des chiffres de la croissance mondiale depuis 1970) est d’environ 25 %».
Les décideurs doivent maintenir le cap
L’économie mondiale continuera en 2023 d’être confrontée à des défis de taille, sous l’effet persistant de trois forces puissantes : l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une crise du coût de la vie provoquée par des pressions inflationnistes qui se prolongent et s’étendent, et un ralentissement en Chine.
D’après nos dernières prévisions, plus d’un tiers de l’économie mondiale se contractera l’année prochaine, tandis que les trois principales économies (Etats-Unis, Union européenne et Chine) resteront au point mort. En somme, le pire est encore à venir et, pour beaucoup, 2023 aura l’effet d’une récession.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie continue de déstabiliser fortement l’économie mondiale. Outre l’escalade insensée de destructions de vies et de moyens d’existence, elle a provoqué une grave crise énergétique en Europe qui augmente considérablement le coût de la vie et freine l’activité économique.
Les prix du gaz ont plus que quadruplé en Europe depuis 2021, la Russie ayant ramené ses livraisons de gaz à moins de 20 % de leur niveau de 2021, ce qui fait craindre des pénuries d’énergie cet hiver, et même après.
Plus généralement, le conflit a aussi fait augmenter les prix alimentaires sur les marchés mondiaux, même si «l’initiative céréalière de la mer Noire» a récemment amélioré la situation.
Cette augmentation a mis les ménages à faible revenu du monde entier en grande difficulté, en particulier dans les pays à faible revenu.
«Des pressions inflationnistes persistantes et croissantes ont déclenché un durcissement rapide et synchronisé des conditions monétaires, parallèlement à une forte appréciation du dollar par rapport à la plupart des autres monnaies.
Le resserrement des conditions monétaires et financières mondiales aura des répercussions sur l’ensemble de l’économie, pesant sur la demande et contribuant à dompter progressivement l’inflation. Jusqu’à présent, les pressions sur les prix se révèlent cependant assez tenaces, ce qui est très préoccupant pour les décideurs».
L’inflation mondiale devrait culminer à la fin de 2022, mais rester élevée plus longtemps que prévu, redescendant à 4,1 % d’ici à 2024.
L’appréciation marquée du dollar a intensifié sensiblement les pressions sur les prix intérieurs et la crise du coût de la vie dans beaucoup de pays.
Les mouvements de capitaux ne se sont pas rétablis, et de nombreux pays en développement et pays à faible revenu restent en situation de surendettement. «Les chocs de 2022 vont rouvrir les blessures dont souffrait l’économie, qui ne s’étaient que partiellement cicatrisées après la pandémie».
En somme, les risques de révision à la baisse des perspectives restent élevés, et les arbitrages nécessaires pour faire face à la crise du coût de la vie sont devenus extrêmement difficiles.
« Le risque de mal calibrer les mesures monétaires, budgétaires ou financières a fortement augmenté à l’heure où l’économie mondiale reste plus fragile que jamais et où des signes de tension apparaissent sur les marchés financiers ».
Tensions difficilement maîtrisables
L’économie mondiale connaît actuellement un ralentissement qui risque de déboucher sur une récession, à cause de fortes turbulences et de tensions difficilement maîtrisables (inflation galopante, taux d’intérêt à la hausse, baisse du pouvoir d’achat des ménages, pression sur le marché du travail, crise énergétique sur fond de tensions sociales et de guerre en Ukraine, pandémie du Covid-19).
Elle devrait ralentir encore au cours de l’année à venir, car le choc énergétique massif et historique provoqué par la guerre russo-ukrainienne continue d’attiser les tensions inflationnistes, dégradant la confiance et le pouvoir d’achat des ménages et accentuant les risques à l’échelle mondiale, d’après la dernière édition des Perspectives économiques de l’Ocde.
Le rapport souligne le caractère exceptionnellement déséquilibré et fragile des perspectives d’évolution de l’économie mondiale au cours des deux prochaines années (2023-2024).
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L’inflation devrait rester forte dans la zone OCDE, s’établissant à plus de 9 % cette année. Tandis que les effets du resserrement des politiques monétaires commenceront à se faire sentir, que les tensions découlant de la demande et des prix de l’énergie se dissiperont et que les coûts de transport et les délais de livraison continueront de se normaliser, l’inflation refluera progressivement à 6.6 % en 2023 puis à 5.1 % en 2024.
«L’économie mondiale est confrontée à de forts vents contraires. Nous sommes confrontés à une crise énergétique majeure et les risques restent orientés à la baisse, avec une croissance mondiale plus faible, une inflation élevée, une faible confiance et des niveaux d’incertitude élevés, ce qui rend très difficile la sortie de l’économie de cette crise et le retour à une reprise durable», a déclaré le Secrétaire général de l’Ocde, Mathias Cormann.
Les aides budgétaires accordées pour amortir l’impact des coûts élevés de l’énergie devraient être de plus en plus temporaires et préserver les incitations à réduire la consommation d’énergie. Les mesures de soutien doivent être conçues de manière à réduire au minimum leur coût budgétaire et les cibler sur les ménages et les entreprises les plus vulnérables.
La gestion de la crise énergétique exigera des mesures de soutien plus décisives pour stimuler l’investissement dans les technologies propres, favoriser les gains d’efficacité énergétique, trouver d’autres sources d’approvisionnement et remettre en phase l’action publique avec les objectifs d’atténuation du changement climatique.
La crise du coût de la vie appelle également des réformes structurelles pouvant avoir un effet direct sur les revenus des ménages, atténuer les contraintes qui pèsent sur l’offre et faire baisser les prix.
(Source : FMI/OCDE)