Les 54 ambassadeurs du groupe africain à l’Organisation des Nations unies ont exigé vendredi des excuses du président américain Donald Trump pour les propos « racistes » qu’il aurait tenus jeudi sur les immigrants de certains pays qualifiés de « trous à rats » (shithole countries).
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KAFUNEL.COM AVEC, RADIO-CANADA , ASSOCIATED PRESS, AGENCE FRANCE-PRESSE, THE WASHINGTON POST ET THE NEW YORK TIMES
Dans un communiqué d’une dureté sans précédent, le groupe s’est dit « extrêmement choqué et préoccupé par la tendance continue et grandissante de l’administration américaine vis-à-vis de l’Afrique et des personnes d’origine africaine à dénigrer le continent et les gens de couleur ».
Des ambassadeurs ont même avoué avoir été surpris de leur propre audace.
« Certains d’entre nous vont être rappelés samedi par leur capitale [en raison de la sévérité du texte], a ainsi lancé avec humour un ambassadeur après la réunion. Pour une fois, on est unis. »
Les ambassadeurs se sont aussi dits solidaires du peuple haïtien et des autres peuples, qui ont été également dénigrés. De plus, ils remercient « les Américains de toutes origines qui ont condamné ces remarques ».
Ce nouvel écart de langage du président américain a aussi eu des échos jusqu’à Genève, où le porte-parole de l’ONU, Rupert Colville, a qualifié ces propos de « choquants et honteux ».
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Des paroles « racistes » et « contraires aux valeurs universelles », a-t-il soutenu en répondant aux questions des journalistes.
Vous ne pouvez pas considérer des pays et des continents entiers comme des « trous à rats » dont les populations entières, qui ne sont pas blanches, ne sont donc pas les bienvenues.
Rupert Colville, porte-parole de l’ONU
Indignation en Haïti
Vendredi matin, le gouvernement haïtien a réagi par voie de communiqué à la remarque désobligeante de Donald Trump en se déclarant « profondément choqué et indigné » par la teneur des propos rapportés par les médias américains.
L’ex-premier ministre haïtien Laurent Lamothe n’a pu quant à lui contenir son indignation sur Twitter.
Honte à Trump! Le monde est aujourd’hui témoin d’une nouvelle bassesse avec cette remarque sur les pays de merde. Totalement inacceptable et par ailleurs déplacée, [la remarque] montre un manque de respect et [une] ignorance jamais vus auparavant dans l’histoire récente des États-Unis par aucun président! Trop c’est trop!!Laurent Lamothe, ex-premier ministre d’Haïti
Selon CNN, le gouvernement haïtien a convoqué vendredi le plus haut diplomate américain présent sur son territoire pour lui demander des explications sur cette déclaration de son président.
Ce nouvel écart du président américain survient par ailleurs au moment où les Haïtiens soulignent le huitième anniversaire du tremblement de terre qui a dévasté leur pays le 12 janvier 2010, une tragédie qui avait fait plus de 300 000 morts, autant de blessés et 1,2 million de sans-abri.
Donald Trump nie avoir traité certains pays de «trous à rats» :
«Le gouvernement haïtien condamne avec la plus grande fermeté ces propos odieux et abjects s’ils étaient avérés» -Frantz Liautaud, ambassadeur d’Haïti au Canada#DonaldTrump#Haïtihttps://t.co/brvpYXcxyr pic.twitter.com/W84iekfW6X
— Radio-Canada Info (@RadioCanadaInfo) January 12, 2018
Justin Trudeau commente… sans commenter
Au cours d’un point de presse tenu vendredi pour souligner la fin d’une réunion de son cabinet ministériel à London, en Ontario, le premier ministre canadien Justin Trudeau n’a pas souhaité commenter directement les déclarations du président américain sur l’immigration en provenance d’Haïti.
Rappelant qu’il était député de la circonscription montréalaise de Papineau, qui compte une forte communauté d’origine ou de descendance haïtienne, M. Trudeau a affirmé que le Canada était « un pays d’ouverture et de respect ».
« Nous allons continuer d’accueillir des gens qui rendent notre pays plus fort », a-t-il ajouté.
La vice-première ministre du Québec, Dominique Anglade, dont les parents sont morts lors du tremblement de terre qui a frappé Haïti en janvier 2010, a été plus directe dans un commentaire sur Facebook, sans toutefois nommer Donald Trump.
Que des leaders politiques se permettent aujourd’hui de dénigrer de façon éhontée cette nation haïtienne ne fait que témoigner de leur ignorance face à l’apport de ce pays. De l’abolition de l’esclavage à l’émancipation des peuples noirs, de la libération de l’Amérique latine aux contributions littéraires, sociales et scientifiques, Haïti a été partie prenante de nombreux combats qui ont marqué notre humanité.
Dominique Anglade, vice-première ministre du Québec
Des échos chez les républicains
Le sénateur républicain Lindsey Graham, un des législateurs présents dans le bureau ovale au moment des faits, a publié une déclaration vendredi, disant qu’il avait déjà dit sa façon de penser à M. Trump.
« Après les commentaires du président, je lui ai dit répondu directement, a-t-il déclaré. Le président et tous ceux qui assistaient à la réunion savent ce que j’ai dit et ce que je ressens. J’ai toujours cru que l’Amérique est une idée qui ne se définit pas par son peuple, mais par ses idéaux. »
Le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a lui aussi commenté vendredi les propos attribués à M. Trump, les qualifiant de « malheureux » et d’« inutiles ».
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« J’ai lu ses commentaires tard hier soir. La première chose qui m’est venue à l’esprit a été: très malheureux, très inutile », a-t-il dit.
Certains défendent aussi le président. C’est le cas notamment de son ex-directeur des communications, Anthony Scaramucci, qui n’a été en poste qu’une dizaine de jours l’an dernier avant de quitter son poste dans la controverse.
« Le président n’est pas du tout un raciste. Il est sans doute le président le moins raciste. Apparemment, lui et moi sommes les deux seuls à utiliser des jurons ici et là. Les journalistes ne parlent pas comme ça. Qui aurait cru vivre dans une société aussi puritaine! », a-t-il écrit sur Twitter.