Crise politique au Sénégal : une vague de libérations d’opposants en guise d’apaisement. Première vague de détenus libérés ce jeudi 15 février après-midi au Sénégal. Ils étaient une petite dizaine à commencer à sortir au compte-gouttes des prisons, après avoir obtenu une libération provisoire, qui arrive dans un climat politique tendu. Deux semaines après le report de la présidentielle par le président sortant Macky Sall, la société civile et l’opposition mettaient la pression sur le pouvoir pour libérer les détenus dits politiques, afin de pacifier l’espace politique.
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Vague de libérations d’opposants en guise d’apaisement
Plusieurs opposants ont été libérés jeudi au Sénégal, en crise depuis l’annonce du report de la présidentielle, ont indiqué à l’AFP deux avocats et un membre du Collectif des familles de détenus.
« La plupart de mes clients dans les dossiers montés pour des considérations politiques sont libérés », a indiqué à l’AFP Me Cheikh Koureissy Bâ.
Il a assuré que cela concernait plusieurs dizaines de détenus. Sur une liste de plusieurs d’entre eux donnée à l’AFP par Me Moussa Sarr figurent notamment Aliou Sané, coordinateur du mouvement citoyen « Y’en a marre », Djamil Sane, maire d’une commune de Dakar et plusieurs membres du parti d’opposition ex-Pastef de la figure de l’opposition, Ousmane Sonko.
Un geste d’apaisement des autorités était attendu après la mobilisation citoyenne et de l’opposition contre le report de la présidentielle et les appels d’importants partenaires internationaux du Sénégal à organiser des élections le plus rapidement possible.
Trois personnes ont été tuées dans des manifestations interdites et réprimées par les forces de sécurité lors de cette mobilisation.
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« La pression internationale fait que le président Macky Sall ordonne des libérations », a estimé Souleymane Djim, membre du Collectif des familles de détenus politiques, qui confirme également que des libérations sont en cours.
L’un des principaux candidats annoncés à la présidentielle de 2024, Ousmane Sonko, mais aussi son second à la tête du parti Pastef dissous, Bassirou Diomaye Faye, sont détenus depuis 2023. Aucune information ne fait état pour l’heure de leur éventuelle libération.
Plusieurs centaines de membres de l’opposition, plus d’un millier selon certaines organisations de défense des droits humains, ont été arrêtés depuis 2021 et la lutte de pouvoir qui oppose M. Sonko, mis en cause dans plusieurs procédures judiciaires, et le président Sall.
Une première vague de détenus libérés sur fond de crise politique
Les premiers détenus ont commencé à réagir à la sortie de la prison. « Que le combat continue », a lancé par exemple Toussaint Manga, membre du parti dissous, le Pastef, qui avait été arrêté en août dernier au Sénégal.
Dans la liste qui se rallonge au compte-gouttes figurent Aliou Sané, du mouvement Y’en a marre, coordonnateur de la plateforme de la société civile F24.
Il y a aussi le rappeur Nitdoff, le prêcheur de la télévision privée Sen TV Oustaz Assane Seck ou l’étudiant et activiste Pape Abdoulaye Touré.
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« Tous mes clients ont bénéficié d’une mise en liberté provisoire d’office sur initiative du procureur de la république », assure l’avocat Me Moussa Sarr. Il précise que la levée du mandat de dépôt n’empêche pas la procédure judiciaire de suivre son cours.
Ces libérations pourraient apporter un vent de décrispation, alors que la société civile appelle à la libération des détenus dits politiques, et alors que des manifestations sont encore prévues ce week-end pour contester le report de l’élection présidentielle par Macky Sall.
Amadou Ba, membre de l’ex-Pastef, se réjouit de la libération des détenus et demande la libération des autres. Mais il assure que c’est une décision unilatérale qui n’est pas le résultat de négociations.
« Notre revendication est d’abord le respect du calendrier électoral et la tenue de l’élection à date échue », martèle le responsable.