Qui aurait pu imaginer ce #ÇaSuffit aussi du côté de l’église catholique et du Vatican ? Le 2 mars 2018, des religieuses jetaient un pavé dans la mare en dénonçant l’exploitation parfois gratuite des religieuses dévolues à des tâches ménagères au service de la hiérarchie masculine de l’Eglise.
Elles ont soigneusement choisi la date : une semaine avant la Journée internationale des droits des femmes de ce 8 mars 2018. Alors que de tous côtés, de par le monde, parviennent les échos de #TimesUp, #MeToo, #MaintenantOnAgit, cette révolution de celles qui ne veulent plus se taire, et sur tous les fronts : sexuel, économique, social, professionnel, politique, éducatif, etc.
Certaines soeurs, employées au service d’hommes d’Eglise, se lèvent à l’aube pour préparer le petit déjeuner et vont dormir une fois que le dîner a été servi, la maison mise en ordre, le linge lavé et repassé… Est-il normal qu’un consacré se fasse servir de cette manière par une autre consacrée ?
Soeur Marie
Dans l’édition de mars du magazine mensuel « Femmes Eglise Monde », distribué vendredi 2 mars 2018 avec le très officiel quotidien du Vatican, l’Osservatore Romano, les soeurs Marie, Paule et Cécile ont décidé de témoigner longuement mais anonymement, dans un article intitulé : « Le travail (quasi) gratuit des soeurs ».
Une petite bombe dans l’univers feutré, conservateur et consensuel du Saint-Siège, lancé au milieu du numéro de mars 2018 de Donne Chiesa Mondo, entièrement consacré au travail des femmes, journée internationale des droits des femmes oblige.
« Certaines soeurs, employées au service d’hommes d’Eglise, se lèvent à l’aube pour préparer le petit déjeuner et vont dormir une fois que le dîner a été servi, la maison mise en ordre, le linge lavé et repassé… », décrit soeur Marie, arrivée à Rome en provenance de l’Afrique noire voici vingt ans.
« Dans ce type de service, les soeurs n’ont pas d’horaire précis et réglementé, comme dans le monde laïc, et leur rétribution financière est aléatoire, souvent très modeste », dénonce-t-elle, attristée de voir qu’elles sont rarement invitées à manger à la table de ceux qu’elles servent docilement.
« Est-il normal qu’un consacré se fasse servir de cette manière par une autre consacrée ? », s’interroge encore soeur Marie, constatant que ce sont presque systématiquement des femmes qui sont chargées des tâches domestiques dans l’univers de l’Eglise.
Cette situation très ancienne suscite chez certaines « une rébellion intérieure très forte » et « beaucoup de blessures », rélève-t-elle.