Macky Sall annule la présidentielle de 2024. Manifestations et répression au lendemain de l’abrogation du décret électoral par Macky Sall : témoignages et réactions des acteurs de la société civile. Le président de la République, Macky Sall, a pris tout le monde de court en abrogeant, samedi dernier, le décret portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024. Cette décision inattendue et sans précédent a entraîné le report sine die du scrutin, plongeant le pays dans une crise politique majeure. Quels sont les raisons et les conséquences d’une décision historique ?
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Macky Sall annule la présidentielle de 2024 : les raisons et les conséquences d’une décision historique
Le Sénégal vit une situation inédite dans son histoire politique. Le président Macky Sall a décidé, samedi 3 février 2024, d’abroger le décret portant organisation des élections de la présidentielle du 25 février 2024, sans donner de nouvelle date.
Il a invoqué une proposition de dérogation à l’article 31 de la Constitution du Sénégal, qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux, pour justifier sa décision.
Selon les sources proches du pouvoir, le chef de l’Etat aurait agi ainsi pour éviter une confrontation avec l’opposition, qui conteste sa candidature pour un troisième mandat.
En effet, l’article 31 de la Constitution du Sénégal limite le nombre de mandats présidentiels à deux, consécutifs ou non.
Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, soutient qu’il a le droit de se représenter en 2024, car la révision constitutionnelle de 2016 a remis les compteurs à zéro.
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Face à cette situation, l’Assemblée nationale se réunit ce lundi 5 février 2024 en session extraordinaire pour examiner une proposition de loi visant à déroger à l’article 31 de la Constitution.
Cette proposition, initiée par la majorité présidentielle, vise à permettre au président sortant de briguer un nouveau mandat, au nom de la stabilité du pays et du respect de la volonté populaire.
Report sine die des élections présidentielles au Sénégal : analyse des enjeux politiques et sociaux
Cette initiative parlementaire a suscité la colère et l’indignation de l’opposition et de la société civile, qui dénoncent un coup d’Etat constitutionnel et une violation flagrante des principes démocratiques.
Des manifestations ont éclaté partout dans le pays ce dimanche 4 février 2024, malgré le couvre-feu sanitaire imposé par les autorités pour faire face à la pandémie de Covid-19.
Plusieurs leaders politiques, dont Dr Aminata Touré, candidate du mouvement MIMI 2024, ont été arrêtés et placés en garde à vue.
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Cette annonce a provoqué une vague de contestation dans tout le pays. Des milliers de citoyens sont descendus dans la rue, dimanche 4 février 2024, pour exprimer leur refus de ce qu’ils considèrent comme un coup d’Etat constitutionnel.
Les forces de l’ordre ont répondu par la violence, faisant usage de gaz lacrymogènes, de matraques et de balles réelles. Plusieurs blessés et morts sont à déplorer.
Manifestations et répression au lendemain de l’abrogation du décret électoral par Macky Sall : témoignages et réactions des acteurs de la société civile
La tension est donc à son comble au Sénégal, à la veille d’une séance parlementaire qui s’annonce houleuse et décisive pour l’avenir du pays. Le peuple sénégalais saura-t-il faire entendre sa voix et défendre sa démocratie ?
Quelle sera la position des partenaires internationaux du Sénégal, notamment la France et les Etats-Unis ? Quelles seront les conséquences économiques et sociales de cette crise ? Autant de questions qui restent en suspens et qui appellent des réponses urgentes.
Plusieurs leaders politiques de l’opposition ont également été arrêtés par les autorités. Parmi eux, Dr Aminata Touré, candidate de MIMI 2024, un mouvement citoyen qui milite pour une alternance démocratique au Sénégal.
Elle a été interpellée à son domicile et conduite dans un lieu tenu secret. Ses partisans dénoncent une tentative d’intimidation et exigent sa libération immédiate.
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La situation est très tendue au Sénégal, où le climat politique se détériore depuis plusieurs mois. Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, est accusé par ses adversaires de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de la limite constitutionnelle.
Il a déjà fait modifier la Constitution en 2016 pour réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans, mais sans appliquer cette réforme à son propre mandat.
Le report sine die de la présidentielle de 2024 est perçu comme une nouvelle manœuvre du chef de l’Etat pour contourner la loi fondamentale et s’octroyer un troisième mandat.
Les organisations de la société civile, les syndicats, les partis politiques et les mouvements citoyens appellent à la mobilisation générale pour défendre la démocratie et l’Etat de droit au Sénégal.