Décryptage Qatargate : Les failles béantes du Parlement européen face au ”Qatargate”

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Qatargate révèle les failles béantes du Parlement européen. Les arrestations et les liasses de billets retrouvées à Bruxelles révèlent la coupable légèreté d’un Parlement européen ouvert à tous les vents, que ce soit des lobbys ou des puissances étrangères.

Qatargate révèle les failles béantes du Parlement européen

Qatargate révèle les failles béantes du Parlement européen
Qatargate révèle les failles béantes du Parlement européen

Stupeur et paranoïa au Parlement européen après la série d’arrestations dans une enquête sur un possible scandale de corruption au profit du Qatar.

L’institution a réagi en catastrophe en privant, mardi 13 décembre, de ses fonctions de vice-présidente l’eurodéputée grecque Eva Kaili, du groupe social-démocrate, incarcérée après que des sacs de billets ont été découverts dans son appartement bruxellois.

La même Eva Kaili prononçait en novembre un vibrant discours pro-Qatar, en assurant que la monarchie du Golfe était « aux avant-postes du droit du travail » (sic).

L’enquête en cours cible des eurodéputés actuels et anciens, ainsi que des assistants parlementaires. De quoi placer le Parlement européen en très fâcheuse posture.

En effet, les traités européens ne leur donnant quasiment aucun pouvoir en matière de politique étrangère, les eurodéputés se sont habitués à faire la morale.

Ils adoptent régulièrement des résolutions sur les droits de l’homme et ont lancé une croisade pour que l’Union européenne prive de fonds la Hongrie de Viktor Orban, en réponse à sa conception très personnelle des libertés publiques.

PARADIS DES LOBBYISTES

Eurodéputés corrompus par le Qatar un scandale révélateur
Eurodéputés corrompus par le Qatar un scandale révélateur

Sauf que le Parlement européen rechigne à s’appliquer les standards qu’il réclame pour les autres.

C’est la justice belge qui a levé le lièvre de ces possibles pots-de-vin, pas l’Office européen antifraude (Olaf) ou une enquête interne au Parlement européen.

Il faut dire que ce dernier fait pour le moins montre de légèreté lorsqu’il s’agit de se protéger des ingérences.

Qatargate révèle les failles béantes du Parlement européen

Les arrestations et les liasses de billets retrouvées à Bruxelles révèlent la coupable légèreté d’un Parlement européen ouvert à tous les vents, que ce soit des lobbys ou des puissances étrangères.

« Le goût de la vérité n’empêche pas de prendre parti ». Albert Camus

Ainsi, alors que Bruxelles est le paradis des lobbyistes de tout poil, le Parlement est toujours timide dans sa réglementation – qui d’ailleurs n’est pas toujours respectée par les eurodéputés, comme le rappelle le média Contexte.

Contrairement aux commissaires européens, les eurodéputés ne sont pas tenus de rendre publics tous leurs rendez-vous avec des lobbyistes : seuls les présidents de commission et les rapporteurs de textes sont concernés.

Mais surtout, les représentants de pays étrangers – même non européens – ne sont, eux, soumis à aucune déclaration dans un registre.

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Et si des groupes de pression veulent accéder encore plus librement au Parlement européen, il leur suffit d’embaucher des anciens eurodéputés, qui gardent un badge d’accès aux locaux !

L’un des suspects arrêtés ce week-end est d’ailleurs un ex-eurodéputé socialiste italien, Pier-Antonio Panzeri, qui a ensuite fondé une ONG baptisée « Fight Impunity » – ça ne s’invente pas.

CUMUL DE RÉMUNÉRATIONS

Qatargate révèle les failles béantes du Parlement européen 1
Qatargate révèle les failles béantes du Parlement européen 1

Autre curiosité : le Parlement européen ne contrôle pas les éventuels conflits d’intérêts des élus. C’est ce que dénonçait en 2019 l’ONG Transparency International, en révélant que 30 % des eurodéputés cumulaient leur mandat avec une autre activité rémunérée.

Pourtant, avec une indemnité de 9 400 euros brut par mois, être député européen n’est pas spécialement un gagne-misère… Sylvie Goulard, candidate française à un poste de commissaire européen en 2019, avait été retoquée par le Parlement, notamment parce qu’elle avait touché plus de 10 000 euros mensuels pendant près de trois ans d’un think tank américain, alors qu’elle était eurodéputée.

Eurodéputés corrompus par le Qatar un scandale révélateur 1
Eurodéputés corrompus par le Qatar un scandale révélateur 1

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États-Unis, Russie, Chine, Qatar… Cette affaire révèle que les opérations d’influence étrangères se multiplient et que l’Union européenne est à la croisée des chemins, entre naïveté et affirmation géopolitique.

Alors que la Commission d’Ursula von der Leyen regarde avec intérêt le gaz naturel liquéfié (GNL) du Qatar comme alternative au gaz russe, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a juré lundi : « Nous préférons avoir froid plutôt que d’être achetés. »

Reste à traduire en actes cette noble déclaration d’intention.

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