II. Le retentissement de l’adénome

La situation anatomique de la prostate explique que l’adénome peut retentir, en diminuant le calibre de l’urètre, sur la vessie et, même, plus tardivement, sur les uretères et les reins. Mais, répétons-le, beaucoup d’adénomes n’auront pas ou très peu de conséquences. D’autres, plus rares, gêneront la vessie et le haut appareil.

1. Retentissement sur l’urètre

La prostate entoure l’urètre sous la vessie et, en augmentant de volume, va donc l’étirer et diminuer son calibre, gênant ainsi l’évacuation de l’urine. Cette gêne à la miction va être à l’origine du retentissement de l’adénome sur la vessie et le reste de l’appareil urinaire (uretères et reins), et explique les signes cliniques.

2. Retentissement sur la vessie

a. La vessie de lutte

La vessie n’est pas un sac à urine mais un muscle creux destiné à recueillir l’urine secrétée continuellement par les reins et à l’évacuer volontairement à intervalle régulier. L’urètre est plus fin, l’effort à fournir pour évacuer l’urine va donc être plus grand, et comme tout muscle qui travaille contre une résistance accrue, la vessie va s’épaissir (comme le biceps d’un sportif) de 3 à 4 mm en temps normal, elle peut s’épaissir jusqu’à 1 ou plusieurs cm. C’est une vessie musclée, une vessie de lutte. Les faisceaux musculaires sont hypertrophiés et dessinent sous la muqueuse des colonnes délimitant entre elles des cellules – vessie à cellules et colonnes – (schéma 5).

Adénome de la prostate ou la tumeur bénigne responsable de complications graves : rétention d'urine et insuffisance rénale 1

b. Les diverticules de vessie

La vessie ne peut lutter indéfiniment, entre les faisceaux musculaires au niveau des cellules plus faibles, la muqueuse vésicale va venir faire hernie, faisant saillie hors de la vessie : c’est un diverticule (schéma 6).
Ces diverticules sont de taille variable et, si leur collet est étroit, une fois remplis d’urine, ils peuvent avoir du mal à s’évacuer puisque aucun muscle ne les entoure.

Ils gênent donc l’évacuation de la vessie et peuvent être la source d’infection urinaire récidivante ou d’abcès. La vessie finit par se distendre, par perdre sa capacité normale (de 300 cc environ) pour atteindre des volumes de 1 litre et plus.

c. La rétention complète d’urine

L’urètre, à l’occasion d’une poussée inflammatoire de l’adénome ou de son augmentation de volume, peut se trouver totalement obstrué, alors la vessie ne peut plus se vider. C’est la rétention complète d’urine qui est souvent la circonstance de découverte de l’adénome car le patient viendra alors vous consulter en urgence pour être soulagé de cette envie d’uriner impossible à soulager.

d. La rétention incomplète d’urine

Elle est la plus sournoise. La vessie se vide, mais incomplètement, la résistance urètrale a dépassé la force de la vessie, et, à la fin de la miction, il restera en permanence un volume plus ou moins important (300cc, 1 litre, et parfois plus). La vessie est distendue, a perdu sa capacité normale et ne récupérera pas une force de contraction normale après traitement.

Adénome de la prostate ou la tumeur bénigne responsable de complications graves : rétention d'urine et insuffisance rénale 2

e. La lithiase vésicale

La stase d’urine dans la vessie peut favoriser la formation de calculs vésicaux.

3. Le retentissement urétéral et rénal

Les uretères se trouvent gênés dans leur évacuation lorsque le muscle s’hypertrophie ou que la vessie reste en rétention, ils ne tardent pas alors à se distendre, l’urine peut refluer de la vessie vers les reins.

Les reins peuvent alors souffrir par gêne à l’évacuation de l’urine, avec risque d’infection du rein par reflux d’une urine infectée (souvent par des sondages intempestifs). A ce stade, l’insuffisance rénale s’installe peu à peu et peut entraîner la mort du malade… alors que, cliniquement, il ne se plaignait de rien tant il s’était habitué à des difficultés pour uriner, installées depuis des années et mises sur le compte de l’âge !

Mais, répétons-le « le retentissement de l’adénome sur l’appareil urinaire n’est ni obligatoire, ni progressivement croissant », un grand nombre d’adénomes n’entraîneront aucun trouble.

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