III. Signes révélateurs

Ils surviennent chez un homme à partir de la soixantaine (pratiquement jamais avant 50 ans). Les signes se sont installés peu à peu, au fil des années, ce qui explique que, souvent, le malade s’est habitué à ses difficultés pour uriner et spontanément, il ne s’en plaindra pas, il faudra savoir rechercher ces signes par un interrogatoire très précis.

1. La dysurie (ou difficulté pour uriner)

Le malade s’en plaint parce qu’elle s’est accentuée récemment, ou, habitué à cette gêne, il ne s’en plaint pas, c’est votre interrogatoire qui la révèlera.

L’obstacle que constitue l’adénome à l’écoulement de l’urine explique facilement ces signes. Il existe un retard au début de la miction, entre le moment où le malade ressent le besoin d’uriner et le moment où l’urine s’écoule réellement.

  • le jet d’urine est faible, fin, parfois dédoublé ;
  • la miction est lente, interminable ;
  • le malade est obligé de pousser pour évacuer la vessie, parfois en s’aidant de ses mains pour appuyer sur son bas ventre ;
  • la fin de la miction n’est pas franche, des gouttes retardataires continuent à s’écouler alors que le malade a décidé d’arrêter d’uriner ;
  • il a la sensation de ne pas avoir évacué totalement sa vessie, qu’un résidu vésical persiste.

2. La pollakiurie

« Urinez-vous bien ? Oh oui, 15 fois par jour »

Voilà la réponse que vous obtiendrez souvent. Uriner bien n’est pas uriner souvent ! La vessie se vide mal, reste remplie par un résidu en fin de miction, elle a donc perdu sa capacité normale, le malade va donc uriner plus souvent que d’habitude pour éliminer en fait la même quantité d’urine : c’est la pollakiurie. Pendant la journée, le malade ne peut souvent pas chiffrer précisément le nombre de ses mictions (5 fois, 10 fois), mais par contre, demandez-lui combien de fois il doit se lever la nuit pour aller uriner (pollakiurie nocturne). Si ces mictions n’existent pas, c’est que bien souvent la pollakiurie n’existe pas. Si le malade est pollakiurique, il peut se lever 2, 3 et jusqu’à 10 fois par nuit !

3. L’hématurie

La présence de sang dans les urines peut être due à un adénome prostatique, les urines sont alors sanglantes en début de miction pour s’éclaircir à la fin (hématurie initiale) ou la totalité des urines est sanglante si le saignement est important (hématurie totale). Mais, avant d’accuser l’adénome, il faut rechercher une autre cause d’hématurie (bilharziose, calcul, tumeur .. ), car l’adénome saigne rarement et peut s’associer à d’autres maladies urinaires.

4. La rétention vésicale complète

C’est bien souvent elle qui amènera le malade à consulter, car le trouble est évident, il a envie d’uriner et il ne peut le faire, il a mal, il existe un globe vésical. Il faudra soulager le malade en rétablissant l’évacuation de l’urine, soit par sondage, soit par cathétérisme sus-pubien. Une fois la vessie vidée, le toucher rectal vous permettra de découvrir l’adénome (le toucher rectal, vessie pleine, ne permet pas d’apprécier le volume réel de la prostate).

5. L’incontinence d’urine

L’urine coule par la verge en permanence, le malade ne plus contrôler volontairement cet écoulement. Il s’agit aussi d’une rétention d’urine, la vessie est pleine en permanence, elle déborde ! La pression est telle qu’elle force le passage en permanence puisque l’urine vient du rein en permanence. Il s’agit d’une  » incontinence par regorgement  » (voir schéma 10).

Adénome de la prostate ou la tumeur bénigne responsable de complications graves : rétention d'urine et insuffisance rénale 1

6. Les accidents infectieux

Cystites, épididymites peuvent traduire l’infection de l’adénome ou une de ses complications, lithiase vésicale, diverticule.

7. L’insuffisance rénale

Des signes généraux traduisant l’insuffisance rénale : anémie, inappétence, vomissements, douleur abdominale, découverte d’une urée sanguine élevée doivent faire rechercher un cause dont l’adénome prostatique est une cause fréquente.

8. L’adénome de découverte fortuite

Il peut être découvert à l’occasion d’un examen pour une autre cause : hernie inguinale, toucher rectal; d’un examen clinique systématique ; d’une urographie intraveineuse pour une autre cause. Il faudra alors en rechercher l’éventuel retentissement.

9. Enfin et surtout aucun signe clinique anormal n’existe

Soit parce que l’adénome ne retentit pas su l’appareil urinaire, soit parce que le malade s’est habitué à de petites difficultés pour uriner depuis des années et ne songe pas à s’en plaindre. Bon nombre d’adénomes ne seront donc jamais vus. Mais si vous en découvre un, vous devez vous assurer, même si la gêne clinique n’existe pas, qu’il n’a pas entraîné une insuffisance rénale (examen de sang, radio).

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