Gandoul : là où les télécoms du Sénégal se relancent

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Gandoul là où les télécoms du Sénégal se relancent
Gandoul là où les télécoms du Sénégal se relancent

À Gandoul, ce n’est pas un simple regard du paysage qui retiendra et nourrira votre curiosité. C’est là où les télécoms du Sénégal se relancent. Première station terrestre d’Afrique de l’Ouest, Gandoul, connectée aux satellites, va faire de Dakar un hub de télécommunications.

Gandoul, 50 km de Dakar, là où les télécoms du Sénégal se relancent

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La date du 5 avril 1972 reste gravée à jamais dans la mémoire d’Alassane Dialy Ndiaye, 79 ans aujourd’hui.

Ce jour-là, cet ingénieur en télécommunications appuie sur un bouton qui va permettre une conversation restée célèbre : « Monsieur le Président, bonsoir, Senghor au bout du fil. Je vous envoie du soleil depuis le Sénégal », tels sont les mots tenus en direct par le président sénégalais de l’époque, Léopold Sédar Senghor à son homologue à l’Élysée, Georges Pompidou, depuis Gandoul près de Sebikotane, dans la région de Thiès à une cinquantaine de kilomètres de Dakar, la capitale du Sénégal.

L’aboutissement de longs mois de travail et de nuits blanches pour Alassane Dialy Ndiaye et ses équipes.

Ils avaient réussi la prouesse en ce printemps 1972 de mettre en service la première station terrienne de télécommunication par satellite en Afrique de l’Ouest.

Il faut imaginer une gigantesque antenne parabolique de 32 mètres qui a permis de connecter le Sénégal et l’Afrique au reste du monde.

Installée dans une zone particulièrement propice à équidistance entre deux plateaux pour mieux capter les rayons solaires, la station de Gandoul a fait entrer le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest dans une nouvelle ère où se jouait déjà une grande bataille mondiale autour des télécommunications.

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Faire entrer le Sénégal dans une nouvelle ère des télécommunications

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« Le fait de travailler en synergie avec une équipe de techniciens sénégalais nous a permis de comprendre que nous étions tout aussi capables que les autres d’assimiler de la technologie d’une grande complexité, savoure Alassane Dialy Ndiaye, à la fois ému et porté par la reconnaissance de l’auditoire présent pour cette cérémonie d’anniversaire.

« Je suis fier d’avoir été au cœur de ce projet un peu fou », confie celui qui fut le premier Africain spécialisé dans les télécommunications spatiales et qui dirigea TéléSénégal, l’ancêtre de la Sonatel.

À cette époque, grâce à cette innovation, et bien d’autres qui suivront, Gandoul devient rapidement le passage obligé pour des dizaines de techniciens et ingénieurs des télécoms africains.

Gandoul là où les télécoms du Sénégal se relancent
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« C’est à cette époque que j’ai remarqué qu’ensemble nous pouvions faire de grandes choses, se souvient Alassane Dialy Ndiaye. Aux premières réunions auxquelles j’assistais chez Intelsat, poursuit-il, rassemblant ses souvenirs, j’étais le seul Noir au début, mais ensuite nous avons été nombreux, souligne-t-il. Contrairement aux idées reçues, le rôle que joue l’Afrique dans le monde a beaucoup d’importance », insiste celui qui avait la mission de convaincre le président Senghor de faire entrer le pays de la Teranga dans l’ère des télécommunications modernes.

« Même s’il ne maîtrisait pas les télécommunications, le président a encouragé ce projet d’avant-garde parce qu’il savait que l’avenir de l’Afrique passerait par ce type de développement technique », se souvient encore Alassane Dialy Ndiaye.

Ce basculement, les Sénégalais, notamment les habitants de Dakar et sa région, l’ont vécu aussitôt avec la retransmission sur la télévision nationale des Jeux olympiques de Munich.

Et le quotidien national, Le Soleil, de titrer en première page : « Un nouveau sport olympique à Dakar : arriver à regarder la télé ».

Dès les années 1980, dans le contexte de la conquête spatiale, Gandoul s’est illustrée en participant à des programmes de la Nasa, comme le lancement de la navette spatiale Columbia.

« Notre rôle était de défendre la place de l’Afrique auprès d’Eutelsat, ajoute Alassane Dialy Ndiaye, applaudi comme une rock star quelques heures plus tôt, lors d’une cérémonie organisée par le groupe Sonatel (détenue à 27 % par l’État sénégalais et 43 % par Orange) à Gandoul, mardi 17 mai.

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Dépoussiérer l’image des satellites

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Cinquante ans plus tard, le Sénégal n’a fait que renforcer sa place de hub dans le domaine des télécommunications sur le continent africain.

« Cela peut sembler contre-intuitif avec l’avènement du mobile, mais le satellite est plus que jamais une technologie d’avenir en ce XXIe siècle, il fait l’objet de multiples innovations qui permettront de connecter nos populations, y compris dans les zones peu ou mal desservies », veut croire Sékou Dramé, le directeur général de la Sonatel, alors que la station Gandoul est en pleine transformation, et accueille depuis février la Société européenne des satellites (SES), premier fournisseur de services de télécommunications par satellite au monde.

De nouvelles paraboles vont être connectées à une constellation de satellites dite « en orbite moyenne O3b mPower » de l’opérateur luxembourgeois SES, d’ici à la fin de l’année 2022.

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Dakar, porte d’entrée de la connectivité internationale en Afrique

Code des Télécommunications et le cadre juridique www.kafunel.com régissant le secteur des TIC au Sénégal Capture
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Gandoul va donc renaître, mais il n’est pas question d’en faire un projet isolé et éloigné des préoccupations des Sénégalais. La transformation du site fait partie d’un projet plus ambitieux de la Sonatel et d’Orange, son premier actionnaire.

« Il y a une complémentarité entre les câbles sous-marins et l’infrastructure terrestre et puis le satellite », soutien Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux d’Orange.

Les nouveaux satellites seront connectés à leur tour aux réseaux de télécoms terrestres existants et en cours d’extension, c’est-à-dire à la fibre optique ainsi qu’aux câbles sous-marins qui relient déjà le Sénégal à la France et au Portugal.

« Ces infrastructures sont vitales pour les télécommunications. Et des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou encore le Maroc commencent à mailler leur territoire, car ils ont besoin d’être connectés au reste du monde », explique Jérôme Barré PDG Orange Wholesale et réseaux internationaux.

L’enjeu est de taille, parce qu’il s’agit d’éviter aussi qu’il y ait une fracture numérique dans les pays africains, car il y a une très grande appétence des utilisateurs pour la data », pointe l’expert en mission à Dakar.

Justement, le Sénégal est plutôt bien couvert en 2G, 3G et 4G. 90 % de la population a déjà accès à la 4G.

Avec son accès à la mer, Dakar constitue une véritable porte d’entrée en Afrique pour le groupe français qui y détient plus de 50 % des parts de marché des télécommunications, et y a fait installer le siège de son réseau terrestre Djoliba, qui va permettre de raccorder la station de Gandoul et « vous avez maintenant cette ouverture vers l’espace avec SES et les satellites », ajoute Jérôme Barré.

« Aujourd’hui, le mobile est utilisé pour tellement de choses, comme les transferts d’argent, pour accéder à des contenus en streaming, la musique… liste l’expert pour lequel il faut éviter au niveau local les risques de congestion.

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Bataille pour la couverture locale

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Le groupe investi jusqu’à un milliard d’euros chaque année pour le développement des infrastructures réseaux en Afrique.

Illustration chez Orange International Networks, Infrastructures & Services (Oinis), en plein centre de Dakar, les experts de Djoliba (du nom en mandingue du fleuve Niger), le premier réseau terrestre « panafricain » de fibres optiques construit par Orange et qui relie déjà huit pays d’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Liberia, Mali, Nigeria et Sénégal) connaissent par c?ur ses sujets.

Ce lundi matin de mai, Aminata Dramé à la tête de la structure et ses équipes échangent devant les écrans principaux des accidents qui ont eu lieu les jours précédents, se référant aux répéteurs.

« Djoliba était vraiment attendu, la preuve, au bout d’un an, on parle déjà d’extension », complète Aminata Dramé qui souligne l’avantage pour les clients de n’avoir qu’un seul interlocuteur pour tous leurs besoins.

« On vise plutôt une extension de couverture vers le nord, donc des pays comme la Mauritanie, à terme on pourrait remonter jusqu’au Maroc, jusqu’à la côte sur l’Afrique du Nord, c’est l’axe qui nous paraît le plus intéressant aujourd’hui à développer », précise Jean-Luc Vuillemin, tête de pont de ce projet et bien d’autres sur le continent.

Sur le plan des prix, Jérôme Barré de citer le cas de pays enclavés comme le Mali qui bénéficie déjà d’une baisse des prix sur la connectivité internationale.

Pendant qu’Orange mise sur cet avenir prometteur, les consommateurs sénégalais espèrent quant à eux que tous ces projets favorisent une meilleure qualité du débit et des prix plus attractifs.

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Par Kafunel.com Avec Viviane Forson, envoyée spéciale à Gandoul (Sénégal)

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